Je vais encore ramener le sujet sur le tapis mais aujourd’hui, même si je vais passer pour un vieux réactionnaire il y a un sujet qui m’agace : le respect du travail des photographes par es influenceurs. Les influenceurs c’est bien ça apporte aux marques et aux entreprises une vitrine de dingue en terme publicitaire. Certains influenceurs apportent un vrai talent, une réelle plu value là ou d’autres ne sont que du vide. Mais peu importe. L’influenceur a gagné ses titres de noblesse dans le monde numérique et impossible de le nier. Mais en échange il doit aussi travailler de manière équilibrée avec ses prestataires ou collaborateurs.

Mais pourtant je lis régulièrement des interventions de photographes qui se font rouler dans la farine….

la célébrité ne doit pas être une excuse pour flouer le photographe

Comprenons une chose. Aujourd’hui l’influenceur pour exister a besoin de véhiculer son image, améliorer son contenu visuel. C’est elle qui va représenter son savoir-faire. Pour cette image il a plusieurs possibilités : se filmer, se prendre en photo ou encore mieux pour apporter un réel gage de qualité : faire appel à un photographe ou un vidéaste professionnel. Comprendre par-là quelqu’un dont c’est le cœur de métier.

Si l’influenceur fait appel à un professionnel c’est pour une raison de besoin, de cahier des charges à respecter bref une commande précise pour apporter une qualité aux contenus. Cela va aussi servir à accroitre l’engagement et la crédibilité auprès de ses abonnés. On ne peut pas le nier : l’image est une valeur qui impacte beaucoup.

Etre photographe c’est un (vrai) métier

Etre photographe ne se quantifie pas juste à acheter un reflex ou un hybride et prendre des photos. La notion de professionnel on le sait revient à se déclarer comme tel, pour pouvoir monnayer ses services. Mais trois quart du temps le photographe qui a un minimum de compétences possède quelque chose d’indispensable à sa réussite : le savoir-faire. Il fait des photos et ne se contente pas d’en prendre.

Et oui même si le métier n’oblige pas à détenir une qualification pour exercer ce métier il n’empêche que la discipline requiert un certain temps d’apprentissage, d’essai, de connaissance, de culture. On pourra aussi évoquer la notion de matériel indispensable à la réalisation des œuvres qui représente souvent un investissement conséquent. L’ensemble de ces compétences et matériels a un cout. Qu’il soit représenté par le temps d’apprentissage, l’argent dépensé en matériel, en formation. On ne devient pas photographe en appuyant sur un bouton.

Un photographe on le choisit parce que le travail qu’il produit, son sens et son regard artistique a quelque chose qui va plaire, qui a une véritable valeur esthétique ou poétique. Il va séduire par son savoir-faire. On peut donc parler de valeur ajouté, d’artiste, de technicien bref. C’est un métier à part entière.

Comme le dit un certain adage : 1000 euros pour détecter une panne avec un coup de marteau en 10 minutes. Durée d’apprentissage pour savoir où donne le bon coup de marteau : 10 ans et 100 000 euros de formation et de temps consacré.

L’influenceur et sa notoriété

Le drame d’aujourd’hui est que beaucoup d’influenceurs s’imaginent être incontournable au bout de 100 abonnés sur leurs réseaux sociaux, encore plus dès que les marques les démarchent. Comprenez chers influenceurs que ces marques ont un intérêt : améliorer leurs marges de vente et leurs volumes sans que ça leur coûte autant qu’une vraie publicité professionnelle. On parle désormais de micro, macro influenceurs. Bref ça fonctionne au chiffre, au nombre d’abonnés.

Mais ce chiffre ça apportera quoi au photographe qui va travailler pour l’influenceur ? Si on écoute l’influenceur il va parler de gain de visibilité grâce à sa communauté. Il va parler de publicité gratuite, de retombée médiatique. En traduction il parle ou il écrit et c’est considéré comme une réelle valeur ajoutée pour le photographe.

Pour certains sujets passe encore : de la vente de produits, des connaissances, un échange bref mais sur une prestation de service quelle va être la valeur apportée ? Pour l’influenceur la valeur est formelle : la qualité des supports réalisés va apporter un gage de sérieux, d’attirance pour son public, de se différencier des contenus plus courant. L’usage de support vidéo ou photo réalisé par un photographe ou un vidéaste va impacter la présence et l’engagement des influenceurs de l’influenceur de façon pertinente. Sur ce cas de figure c’est à sens unique.

le photographe peut-il vivre de cette visibilité soit disant offerte ?

Alors quand les influenceurs osent sortir au photographe ou au vidéaste qu’ils ont de la chance, que la publicité offerte par lui (l’influenceur) est une chance incroyable en terme de notoriété etc. j’avoue je fais des bonds. Derrière cette notion de visibilité il va justifier la gratuité de la prestation ou la négociation du tarif de la prestation du photographe, ou encore justifier l’inexistence du crédit d’auteur : la photo est publiée sans mention de l’auteur ni référence.

Au passage rappelons que toute publication de photographies doit être créditée de son auteur c’est la LOI et non pas un « cadeau » au photographe !

Pour rappel une prestation est de base rémunérée, facturée. L’artisan photographe comme l’auteur payent des charges, de la TVA. Qui dit prestation dit contrat et donc encadrement de la diffusion. Et qui dit diffuseur dit responsabilités.

Sur le contrat, l’influenceur sera le diffuseur. On va parler ainsi de mentionner l’auteur, comment les supports photographiques ou vidéos seront diffusées, où et quelles seront les obligations du diffuseur (l’influenceur), la durée de l’usage des supports etc. On est plus dans la notion de cercle privé qui laisse plus de latitude. On est dans une dimension commerciale et professionnelle. Les supports vont aider à générer une valeur.

Grâce aux revenus généré par ce travail le photographe va vivre de sa profession. Car la visibilité n’apportera pas de valeur financières directes qui iront gonfler sa trésorerie. La visibilité ne paiera pas les fournisseurs du photographe, encore moins son caddie de courses ni son loyer.

Clairement même avec 300 millions d’abonnés ne paieront pas mon assiette de pâtes du soir. Clairement ce n’est pas la visibilité qui me fera gagner de l’argent si par hasard 20% des abonnés en question viennent toquer à ma porte mais bien mes compétences. Et ces compétences sont illustrées par le savoir-faire que l’abonné va voir. Si l’abonné aime mon travail il lui suffit de rechercher l’auteur via la mention.

Mettre un lien Instagram ou le lien du site web du photographe ou vidéaste va faire quoi de concret ? Apporter des abonnés en retour, des prospects potentiels. Ok. Mais ces abonnés seront-ils des clients ? Moins sûr. Donc encore une fois 0+0 = 0. Apport et gain financier pour vivre de sa profession : 0€.

Oui je généralise car pour certains il peut y avoir une génération de contact clients, de commandes etc. Mais c’est encore une fois la valeur des compétences acquises au fil des années qui va faire la différence. On parle là d’un savoir-faire, d’un art. Et cette valeur doit encore se transformer en commande. Donc visibilité oui mais il faut relativiser sa valeur.

Collaborez avec des influenceurs c’est bien, mais respecter ses valeurs c’est mieux

Je comprends que certains photographes soient attirés par les paillettes de la célébrité, par les chiffres affriolant des compteurs d’abonnés. Même si cette valeur ne sera jamais pérenne (la durée de vie d’un réseau social et de la célébrité est toujours très aléatoire) il faut accorder un certain crédit à ses valeurs propres. Je ne dis pas qu’il faut refuser toute collaboration avec des influenceurs. Je dis juste qu’il faut le faire avec des règles claires et que l’équilibre entre les deux parties soient vraiment juste.

Aujourd’hui je vois passer des kilos d’interventions de jeunes photographes grisés par les paillettes qui viennent se plaindre car ils se sont fait avoir. L’influenceur a final n’a pas tenu parole, se contrefiche du crédit d’auteur et joue les divas à la moindre occasion. Je ne dis pas que c’est une généralité mais c’est une thématique qui revient de plus en plus.

A contrario d’autres collaborations sont équitables, juste et dans l’intérêt de chaque acteur. Chacun en vit très bien et a su en tirer profit.

C’est donc que ça fonctionne. Mais encore faut-il se mettre un peu de plomb dans la tête, faire des contrats équilibrés et ne pas se laisser faire.

Influenceurs comme photographe : arrêtez de tirer la couverture et essayez de travailler ne bonne intelligence. Jouez selon les règles et le respect de la propriété intellectuelle de chacun. Les influenceurs : comprenez que votre communauté n’est pas forcément celle du photographe ou ne lui apportera pas forcément amour gloire et beauté. Donc le soit disant « je te rends célèbre » c’est du vent. La seule façon d’équilibrer la charge c’est de respecter son œuvre : le créditer à chaque parution. Après pour que cette collaboration soit pérenne il faut que chacun de son côté mette en avant chaque acteur. C’est l’équilibre.  La collaboration est un équilibre. Une relation mutuellement bénéfique.

Mettre en avant un photographe ou un vidéaste c’est soutenir la création artistique. En travaillant chacun de manière éthique on crée un contenu qui profite à chaque acteur y compris à leurs publics respectifs.

Le photographe ne cherche pas forcément la visibilité de l’influenceur

Une chose est certaine la visibilité n’est pas une denrée indispensable aux artistes. Je vais prendre mon exemple. Quand je cherche des modèles, quand je fais une recherche de collaboration je ne cherche pas à avoir un retour visibilité ou autre. Je cherche avant tout à m’exprimer artistiquement.

Si je fais appel à des modèles qui sont très actif sur les réseaux c’est pour une raison simple : la facilité à identifier le savoir-faire, le rendu visuel, le coup de cœur pour la personne, et ses compétences. Souvent ce sont des gens expérimentés ou avec une expérience intéressante qui pourront être enrichissant dans la construction de la séance et des images. Je me fiche de leur nombre d’abonnés puisque je cherche la personne adaptable et compétente pour optimiser le temps de travail et produire un contenu de manière sérieuse.

Donc en retour je vais mettre en avant les qualités, je vais communiquer sur ce modèle : courte bio, liens, référencement sur une galerie de mon site web bref je vais faire ce que j’attends qu’on fasse avec moi-même en retour

C’est une juste contrepartie : prendre le temps de rendre ce qu’on nous donne. C’est vertueux et intéressant pour tous puisque l’échange est transparent, sans publicité forcée ou imposée. Chacun sera libre d’aller voir si oui ou non l’un des deux collaborateurs peut apporter à cet abonné quelque chose.

Là encore c’est une façon personnelle de voir les choses. Je suis là pour créer, essayer, tester et non pas juste pour créer du contenu qui buzz ou va faire du bruit.

Influenceurs et photographes : apprenez à travailler de manière éthique

J’ai abordé le sujet quelques lignes au-dessus. Il faut souligne l’importance pour les deux acteurs de travailler de manière transparente et équilibrée pour une relation mutuellement bénéfique. Si chacun apporte à l’autre un retour équilibré l’échange en sera encore plus enrichissant. Prestation comme collaboration la finalité doit être identique : il faut jouer selon les règles et respecter le travail produit par le photographe et le vidéaste.

A l’heure où on consomme des images comme des cacahuètes il faut rappeler que la création artistique a besoin de soutien. Et vous influenceurs pouvez apporter votre aide à travers les échanges avec vos abonnés sans que cela ne prenne beaucoup de temps : une bio, un lien ce n’est pas beaucoup demandé au vu de la valeur ajoutée de l’image produite.

Quand aux photographes : faites de la pédagogie en amont. Expliquez, informez et surtout travaillez avec des contrats clairs et des engagements à respecter. Ne laisser personne flouer votre travail. La création se doit d’être valorisée. Et s’il vous plait ne cédez pas aux sirènes de la visibilité en vous imaginant qu’elle vous apportera des choses sans rien faire. C’est la qualité de votre travail et votre créativité qui sera la véritable valeur.

Pour conclure : photographes soyez intelligent, influenceurs éduquez vous

Comprenez bien que cet article n’a pas pour intérêt de vous lancer dans des procès ou des menaces juridiques. Sauf si bien entendu le préjudice est avéré. Non le but de cet article est d’amener à réfléchir sur la bonne intelligence et sur le respect. Chaque acteur se doit de se responsabiliser.

Je ne dis pas aux photographes de fliquer tous vos clients, vous avez plus important à faire. Mais je vous invite à éduquer, informer vos clients. Influenceur c’est devenu un métier mais combien sont arrivé là sans réelle formation ou éducation sur des sujets comme le droit d’auteur ou autre ? Si personne ne leur explique les choses ne changeront pas. A nous photographes de travailler pour que cela puisse changer et évoluer pour que les bonnes pratiques deviennent une habitude.

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