Je vais vous parler d’un sujet qui reste une envie permanente de beaucoup de photographes : pouvoir réaliser et exposer ses photos au grand public. Aujourd’hui on expose sur le web, au travers des réseaux sociaux mais l’image perd à mes yeux de son sens profond. On consomme, on digère les photographies sans vraiment s’arrêter dessus. Je vais vous partager les conseils, les astuces, les pistes à suivre pour réaliser votre exposition.

Alors ça ne va pas s’adresser à des graaaaaaands photographes ou des gens désireux de taper haut et fort, ou encore avec un solide parcours artistique. Je m’adresse plus à des photographes plus modestes comme moi. Sur la fin je partagerais sans filtres mon expérience en terme de coût, contraintes et problématiques pour ma série « Trait de Vigne.

Exposer ses photos c’est enrichir la culture

Si je devais donner un avis personnel exposer des photos ce n’est pas satisfaire un égo en criant haut et fort je suis photographe. Etre photographe ce n’est pas juste se contenter de prendre des photos c’est faire des images, faire des photographies : créer, composer, raconter une véritable histoire et donner un sens à ses images.

Oui car prendre des photos parce que c’est beau c’est vite limité. Comprenez par là qu’afficher ses images sur Instagram versus l’afficher à un public physique l’interaction sera différente. La démarche d’exposer inclue d’avoir un discours, une capacité d’écoute et d’échange.

On ira plus loin que les traditionnels commentaires des réseaux : trop canon, la bombe, ah wais ça déchire, les meilleures avec des cœurs partout et à la conquête d’abonnés. Vous l’aurez compris on n’est plus dans l’éphémère et virtuel on passe dans la dimension réalité et véritables personnes devant vous. C’est un tout autre monde qui s’ouvre.

La photographie est un art, un plaisir, une porte ouverte à la découverte et au rêve, pour sublimer les yeux. Exposer c’est donner un peu plus accès à chacun à la culture et aux échanges, ouvrir les esprits et faire évoluer chacun d’entre nous à travers du regard d’un artiste. Exposer c’est donc non pas juste être fier de montrer son travail mais aussi faire voyager le public au travers de ses images, et partager un peu de son monde intérieur, de sa vision du monde et des choses, des gens. Du moins c’est qui me parle.

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Exposer ses photos c’est avant tout réfléchir

Exposer prend souvent plusieurs formes. Pour beaucoup c’est piocher dans sa photothèque et mettre en avant ses plus belles images. C’est une manière de montrer ce que l’on sait faire, un morceau de sa sensibilité.

Si je devais émettre un choix je préfère recommander de construire un véritable projet photo. Une série qui a une histoire, un sens, une démarche. Mais là encore et c’est un avis personnel à nouveau. Et à mes yeux il faut aussi avoir atteint cette étape où on se sent en mesure de mener un projet solide et réfléchi qui débouchera sur une série de photo racontant l’histoire souhaitée.

Mais dans tous les cas il faudra arriver à restreindre ses choix. Exposer oui mais ne pas exposer tout et n’importe quoi en nombre indéterminé. Il faut donc prendre du recul et travailler sur ses choix. Pourquoi choisir telle image, que raconte t’elle pour vous et quelle message peut-elle transmettre. Est-ce un coup de cœur et pourquoi ? Il faut arriver à réfléchir sur le choix de ses images et retenir celles qui sont le cœur de votre travail. Le travail du choix est vraiment difficile et demande du temps, du recul.

Il faut aussi être en mesure de créer un fil conducteur dans l’exposition pour faire progresser le visiteur. Accompagner ses œuvres avec du texte aide aussi le spectateur à s’immerger dans votre travail et ne pas avoir un pêle-mêle vague et désorganisé.

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Exposition photo : limitez le nombre d’images

Un conseil ne partez pas dans une exposition de 50/100 photos à moins d’avoir une stratégie réfléchie (et encore). Une belle exposition c’est aussi bien 5 photos, 10 voire 20. C’est un nombre qui semble si petit au départ qu’il en est douloureux de choisir.

De tout ce que j’ai lu, écouté, visionné à ce sujet il est important de ne pas voir trop grand : espace d’exposition limité, cout financier, scénographie. Comme toujours il vaut mieux partir sur 10 très belles images puissantes que 50 médiocres et avoir un parcours du visiteur riche et qualitatif.

Tirages et encadrement

Là est le nerf de la guerre. Dites-vous bien de suite que la rentabilité de l’exposition sera nulle et non avenue. Encore plus si c’est une première. N’imaginez pas un instant vendre un tirage sinon vous allez être très déçu sauf coup de chance ou opportunités. Une exposition, c’est souvent à fond perdu. Il faut donc délimiter le budget disponible à dédier à cette exposition.

Avec ce budget on va pouvoir choisir ce que l’on va réaliser comme tirage en tenant compte du type d’endroit où l’on souhaite exposer ses photos.

Intérieur ou extérieur ? le premier peut être encadré de manière traditionnelle là où le second devra résister à l’humidité, la chaleur. D’un côté on aura un cadre, un tirage papier ou encore un contre collage sur dibond avec ou sans caisse américaine (le must !). De l’autre on pourra privilégier le tirage sur support direct : dibond, pvc, bâche qui supporteront les intempéries.

Les tailles ? Suivant le contenu de vos images il va falloir trancher sur le ou les formats. Rien ne vous oblige à tirer tout en format unique. Vous pouvez avoir la ou les meilleures images les plus fortes en grand format, le reste en plus petit. La taille ? Ne voyez pas trop grand ça ne sert à rien SAUF si vous avez une raison particulière (je vous exposerais les raisons pour mon exemple plus bas).

Si vous choisissez des encadrements pensez à investir sur long terme. Un cadre à 5 euros ne résistera pas à de nombreux démontage versus une marque comme Nielsen, plus adaptée pour un usage plus intense. un cadre bas de gamme c’est du polycarbonate en guise de vitre donc un plastique peu valorisant. Pour le milieu de gamme du verre (fragile) et le très haut de gamme le verre musée (sans reflet)

Trouver le prestataire fiable et sérieux

Une fois que vous aurez défini ce que vous souhaitez comme support, évoqué les tailles il va falloir trouver LE prestataire. Idéalement le tireur local ou accessible géographiquement, voir encore les grands laboratoires avec pignon sur rue (Art photo Lab pour ne citer qu’eux ou encore Picto par exemple).

La seule condition va être de pouvoir échanger avec le tireur : en direct, par téléphone. Le tirage c’est son travail, sa spécialité. Il devra être à même de vous conseiller, vous guider jusqu’à obtention de la photographie physique. Pour avoir testé des contre collages et caisse américaine pour des clients je vous assure que c’est vraiment génial de pouvoir être rassuré et guidé (clin d’œil à Art Photo Lab et à Frankie Bastide).

Les gros laboratoires commerciaux (SAAL Digital, White Wall) seront peut-être moins couteux (et encore) mais il faudra attendre le produit fini pour découvrir la photo. Si le résultat n’est pas à la hauteur niveau qualité dommage pour vous. D’où la recommandation de voir moins grand mais de passer par des gens de métiers qui sauront conseiller sur les supports adaptés à vos photos.

Oubliez les labos grand public ou pas cher c’est la catastrophe assurée sauf à moins d’avoir une totale confiance et encore.

Trouver LE lieu idéal

Trouver le ou les lieux demande du travail. Selon vos envies et si ça reste une « petite » exposition, j’entends par là que vous êtes comme moi un petit photographe local, régional et pas un artiste en devenir avec un carnet d’adresse et des recommandations, ou encore retenu pour des festivals, ou avec un cv artistique un minima rempli il va falloir viser accessible.

Restaurants, médiathèque, mairies, salles des fêtes etc il faut démarcher, contacter pour proposer votre exposition.  Là encore il est intéressant d’arriver avec un support qui introduit votre exposition comme une note d’intention qui rependra le pourquoi, comment de cette exposition et de son contenu. Idéalement une biographie qui reprend votre parcours, vos publications etc.

C’est toujours assez complexe de savoir comment faire, quel est le meilleur moyen. Personnellement je dis : oser c’est déjà essayer. Il faut tenter et être patient.

Réfléchissez à faire voyager votre exposition donc étudier plusieurs étapes possibles.

Accrocher votre exposition photographique

Venez outillé car en effet suivant l’endroit, les systèmes d’accrochage, la place : fil de pêche, trousse à outils, fil de fer et autres joyeusetés seront indispensable.

Prenez soin de transporter vos œuvres en toute sécurité pour éviter la casse : verre du cadre etc

Nouvelle difficulté : l’accrochage des œuvres. Suivant l’endroit il va falloir réfléchir à comment scénographie votre exposition. Où l’accrocher, comment suspendre, où poser vos œuvres. Si c’est une salle d’exposition ça devrait aller c’est souvent adapté et équipé pour faciliter la chose. Dans d’autres lieux parfois plus complexes il faudra user d’ingéniosité, parfois, sacrifier un tirage ou plus si l’espace est trop restreint.

Ne pas oublier d’exister lors de votre exposition

Après avoir réussi toutes ces épreuves ne vous pourrez, pourquoi pas, organiser un vernissage où vous inviterez le public à venir à votre rencontre, élus locaux, ou autres acteurs qui gravitent dans votre domaine de spécialisation. C’est LE moment pour partager, faire découvrir vos œuvres, passer du temps à échanger avec le public.

Il faudra durant vos absences, puisque rester présent physiquement durant la totalité de l’exposition sera impossible, laisser des informations aux visiteurs.

A réfléchir alors pour afficher votre biographie, votre intention pour que le public puisse s’accorder à vos pensées, votre philosophie et faire lien avec les œuvres exposées. En effet laisser des images sans texte, sans introduction n’a pas de sens : il faut aider le visiteur à comprendre le sens, votre intention, votre ressenti sur ce que vous racontez.

N’oubliez pas de laisser tout élément nécessaire pour qu’ils puissent vous contacter. Des fois une vente de tirage allez savoir 😀 Si vous en avez la capacité financière : vous pouvez réfléchir à inclure un catalogue d’exposition mais là encore on arrive à des choses plus complexes à maitriser.

Pour conclure

Je vous ai laissé des éléments que j’ai réunis, appris, condensé au fil de mes recherches. Je ne me poserais jamais comme spécialiste loin de là. Pour les plus sérieux, avec des travaux plus solides je recommanderais de se tourner vers des galeries et autres conseillers plus solides. Ce que je vous ai glissé suffit juste pour une petite expo.

Ce qui est le plus édifiant c’est que jusqu’à ce jour je n’ai pas réussi encore à faire naitre une exposition de mes propres mains. Du moins pas à la hauteur que je souhaitais. N’y voyez pas une question d’égo ou de manque de matière mais dans ma démarche exposer pour moi représente l’aboutissement d’un travail.

Donc accrochez-vous, préparez-vous et pensez bien votre exposition pour optimiser les retombées en terme de clientèle, d’intérêt culturel, de réseau.

A recommander l’ebook de Nicolas Poizot : « Exposer ses photos » désolé il n’existe plus en livre papier avec un podcast qui lui est dédié très intéressant chez Auxoix Nature :

Mon exemple de projet d’exposition

Je vous avais dit que j’aborderais mon cas de figure, avec des chiffres. Rien de fou mais ça donne une idée.

La série Trait de Vigne devait rendre forme physiquement mais au vu du contenu j’avais besoin de faire naitre ces tirages sous une taille minimale à la hauteur des lieux visités. Trop petit et je pense que le contenu n’aurait pas le même impact donc inconcevable à mes yeux d’avoir du 30x45cm.

cité du vin - bordeaux - percheron dans la cave du latitude 20 - cheval des vignes - grain de pixel - photographe équestre

Sauf que comme expliqué : une exposition de 20 photos c’est environ 1000/2000 euros pour un ensemble cohérent sur une base minimale d’un tirage en 50x70cm.

Budgéter son exposition

Si je devais tirer la qualité au plus bas et aller au moins cher je partais du papier RC (papier photo traditionnel) ;

  • 20 tirages à 20€ l’unité TTC hors frais de port
  • 20 cadres à 30€ l’unité (on trouve moins cher mais la qualité est vite problématique pour accrocher/décrocher – ici la marque Nielsen est retenue pour sa solidité)

On arrive à un budget de 1000€

Si je devais partir sur du papier d’art, un baryté donc plus qualitatif sur le rendu de l’image

On arrive à une somme d’environ 1600€

J’ai très vite écarté les contre collages et autres caisses américaines. C’est certain ça reste le top, des véritables bijoux mais le budget inaccessible pour moi.

Choisir le support en fonction des lieux d’exposition

Techniquement c’est à restreindre en accrochage intérieur ET sans contraintes climatiques ou autre. Dans mon cas de figure l’objectif était une exposition itinérante dans les domaines viticoles : cuvier/chai avec des contraintes hygrométriques fortes donc un support inadapté pour cet usage sous peine de détériorer les tirages si l’accrochage reste trop long.

J’allais donc réfléchir à un support aussi à l’aise dedans que dehors comme le PVC ou le dibond en impression directe, voire la bâche.

  • Le PVC pour du 50×70 cm c’est du 1000€ en moyenne pour 20 tirages,
  • Le dibond (en impression directe il résiste mieux que le PVC sur long terme) 1700 €.

Pour les deux solutions c’est avec des supports percés de 4 trous donc un système d’accrochage ultra basique mais plus facile à suspendre partout.

Forcément les barres d’accrochages au dos restent le must mais le prix…. Pour la bâche c’est environ 60€ le m2 avec des œillets d’accrochage. La contrainte de la bâche c’est sa tension donc on doit adapter le support d’accroche à tout prix

Vous allez me dire 1500 balles c’est rien. Sauf que…. Il faut avoir la somme suffisante en trésorerie à consacrer. Suivant votre statut professionnel et entreprise ce ne sera pas toujours possible de le passer en frais ou autre opération comptable. En micro entreprise par exemple c’est donc non amortissable et une perte sèche avec en plus la TVA à assumer.

cheval des vignes - miroir d'eau de bordeaux - séance photo percheron - grain de pixel - Franck Simon - photographe équestre à Angoulême

Alors pourquoi ne pas avoir essayé ? Tout simplement car avec la conjoncture de la période où j’écris (inflation, clientèle plus frileuse), et l’impact de la communication très limité pour mon activité commerciale (le public ne sera pas forcément ma clientèle, les lieux d’exposition ne sont pas sur ma localité du moins pas dans l’immédiat), les frais de carburant pour transporter et déplacer l’exposition (3h de route aller/retour en moyenne par trajet), les frais déjà engagés pour réaliser la série. Oupssssss !

Amortir ses dépenses pour l’exposition

La vente de tirage ? Elle reste en parallèle hypothétique et à ce jour aucun tirage d’art n’est vendu (tirages autres que la série et destinés à amortir l’opération). Ajoutons que la notion que la photographie équine reste une valeur minoritaire sur le marché de l’art et des collectionneurs, ou des acheteurs lambda. On aime l’image mais on ne dispose pas forcément de l’envie ou du budget à dédier à l’achat d’un tirage d’art de qualité. Chose que je respecte et ne jugerais jamais.

La notion de vendre des produits dérivés ? Carte postale, ; tirages petits format est une possibilité intéressante mais réclamerait une organisation lourde, et peut être couteuse. Le temps me manquant je n’ai pas voulu aller plus loin.

Réduire la série ? J’y ai pensé mais c’est dénaturer le cœur de la série et les efforts déployés. Peut-être que dans un temps futur avec de la maturité et du recul je reverrais ma position.

Trouver des financements pour exposer ?

Erreur, mauvais calcul possible. Mais à la base les pistes de sponsoring, ou encore les opportunités d’exposition pouvant déclencher un soutien financier extérieur se sont dérobées en raison de divers petits coups de malchance.

Les festivals photo ? En local/régional avec la possibilité d’avoir ses œuvres imprimées et affichées par les organismes, deux festivals démarchés mais ils n’ont pas manifesté d’intérêt. Travail immature, thématique manquant d’intérêt, technique limitée ou encore des candidatures plus attrayantes je n’ai pas de réponse à apporter je n’ai pas eu de retours c’est en effet trop contraignant pour les jurys.

Les subventions régionales ou nationales ? Dans le cadre de ce projet qui a pour objectif non seulement de valoriser le travail des chevaux de trait, leur réintroduction il y a aussi une forte notion d e l’impact 0 carbone qui reste LE sujet de l’actualité du moment donc potentiellement porteur en terme d’intérêt. Mais les subventions sont faites pour des galeries d’art ou des festivals, ou encore ne peuvent aider à financer une partie d’une exposition pour des artistes confirmés et en aucun cas pour des artistes débutants. Un peu comme les bourses photos quoi…. Alors avec mon cv d’un vide intersidéral et l’inexistence d’un parcours artistique en école je peux oublier.

Bref la déception en entraine une autre, le temps file et d’autres projets se mettent en route. A un moment on se dit qu’au final ce n’était pas le bon moment. Et comme j’ai aussi à cœur que ces images profitent j’en ai conclu que la publication sur le web resterait une issue possible.

Conclusion : calculez tout. Exposer c’est aussi une stratégie commerciale, de communication en parallèle de la démarche artistique. Ne nous voilons pas la face. Exposer pour le plaisir uniquement c’est possible mais là encore il faut pouvoir définir le budget à y dédier.

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