Etre photographe on le sait tous c’est avant tout savoir être créatif. Ajoutons à ce facteur la photographie équestre, des chevaux et un endroit totalement inhabituel et on se retrouve avec des équations assez complexes. Mais on ne peut pas tout se permettre avec les chevaux.
C’est pour ça que le projet « Force Tranquille » est né : pour changer des classiques, pousser la création un cran au-dessus mais le tout dans un savant mélange de sécurité et d’innovation, de prise en compte du bien-être du cheval et le tout savamment entouré de professionnels. « Trait de Vigne », le second chapitre de ce projet étant basé sur le cheval vigneron, quoi de plus normal alors de faire une étape au sein même de la Ville de Bordeaux, cité incontournable pour les plus grands crus d’Aquitaine. Bordeaux fut à la grande époque une plate forme fluviale importante dans l’exportation des vins.
Chais, cuvier, grand crus et chevaux de travail
Cette série, Trait de Vigne s’articule sur des tableaux photographiques réalisés dans les plus beaux décors viticoles de Gironde. Mais pour compléter cette aventure il était important d’allier à ces tableaux des lieux emblématiques et représentatifs de la région. La ville de Bordeaux est un exemple parfait.
C’est pour cette raison que la Cité du Vin et sa splendide cave le Latitude 20 est venue enrichir la liste des lieux que nous avons parcouru. Mais il manquait encore un maillon essentiel : la ville elle-même et entre autre un endroit vraiment percutant ou du moins, en cohérence avec les séances photos existantes. Comme le veut cette série il faut innover, surprendre.
Bordeaux, ville de référence des plus grands crus
La ville de Bordeaux fut et demeure, un lieu historique des Vins de Bordeaux. A la grande époque elle est notamment grâce à la Garonne une plateforme fluviale pour l’exportation des vins à travers le monde. En 2022 les quais historiques de la ville désaffectés durant de longues années ont subi des transformations adaptées à l’époque actuelle pour devenir des lieux touristiques et accueillant.
Le miroir d’eau est situé face à la Place de la Bourse, entre le Quai de la Douane et le quai Louis XVIII, une réalisation esthétique crée par le paysagiste Michel Corajoud qui sublime la place de la Bourse. Ce miroir d’eau est au pied même de la Garonne. A mes yeux c’est un lieu emblématique de la ville, mais aussi un endroit qui associe parfaitement à la fois la beauté de la ville au travers de ces bâtiments historiques, mais aussi les quais en bordure de fleuve. Un lieu marquant, accessible qui se révélait être une scène parfaite pour réaliser une étape de cette série photographique.
Quand on arrive en ville….
Forcément organiser une séance photo avec 7 chevaux percherons en plein centre-ville demande une logistique un minima réfléchie. Grâce à l’aide de Cheval des Vignes et Juliette Bouetz la responsable communication de l’entreprise de traction animale avec laquelle j’œuvre depuis le début de mon aventure, nous avons contacté la mairie de Bordeaux. Dépôt de dossier, engagement pour le bien-être et le respect des chevaux.
Il a fallu cocher chaque case pour s’assurer d’avoir tous les éléments et autorisations. Grâce à l’implication des équipes municipales, nous avons obtenu le droit de réaliser cette séance photo. Ceci sans oublier l’accès à une place toute entière pour stationner avec les chevaux ce qui est un luxe incomparable en ville. Restait alors à organiser la séance et à veiller à chaque élément de sécurité.
Percherons in the city
4h30 départ ! Voiture chargée : flashs ? Check ! Appareils photos ? Check ! En voiture direction Bordeaux Centre. Me voilà au départ d’Angoulême pendant que de leur côté les équipes de Cheval des Vignes s’activent à Saint-Emilion.
6h00 du mat’, nous voilà tous réunis : 7 chevaux Percherons, 7 meneurs, et une équipe logistique de 8 personnes pour le soutien issu de ma folle team toujours aussi fidèle de Cheval des Vignes, un photographe pour les coulisses, 2 vidéastes, et forcément l’instigateur de ce projet totalement fou : Franck Simon le photographe Grain de Pixel 😀 Le soleil se lève avec nous et me permets déjà de réaliser quelques images au pied des quais le tout au pied levé.
7h00 : direction le miroir d’eau. On franchit les 400 mètres qui nous séparent du lieu. Au pied du miroir c’est l’effervescence : chaque cheval se voit emballé les 4 pieds avec du gaffer pour éviter tout risque de détérioration des sols. Un travail difficile que remplit Sébastien Bouetz avec ardeur et efficacité. Durant ce temps petit briefing avec le journaliste du quotidien Sud-Ouest, Louis Valleau, accompagné de Cloé de Gironde Tourisme venus à notre rencontre. En effet c’est toujours sympa de pouvoir proposer à des journalistes une petite bulle d’air dans une actualité parfois houleuse ou peu avenante.
7h30, L’immense machinerie du miroir d’eau prend vie sous nos pieds. Il faut savoir que cet équipement incroyable est d’une complexité hors norme ! 15 min plus tard les buses extérieures bouillonnent déversant le précieux liquide qui va donner vie à cette esplanade magique.
7h50 Installation des chevaux : on est parti pour une cordée des 7 chevaux réunis ensemble côte à côte. L’exercice est difficile : certains bâtiments de la place de la Bourse sont en travaux et recouvert d’échafaudages pas très esthétiques, des curieux s’agglutinent au bord du miroir et le soleil monte vite. Mais c’est aussi le défi de cette séance et comme toujours il faut s’adapter. Le cheval propose, le photographe dispose et compose avec l’environnement. Il faut aussi réussir à trouver le timing avec le miroir d’eau qui s’active en trois étapes successives.
L’effet brumisant est désactivé cette année nous facilitant ainsi la tâche. Le tout est calé à la minute. Mais dans l’action je perd vite le chronomètre de vue. Il faut veiller à faire reculer les curieux, sécuriser les chevaux, trouver l’angle idéal, trouver à quelle timing le miroir se situe. Pas bien grave je shoote, je prends du plaisir et je m’abreuve d’images. Je multiplie les prises de vues car l’essai sera unique. Pas de répétitions possibles.
Je m’essaie à des images plus ou moins osées, teste, essaie. La différence entre la théorie et la réalité ? Comme toujours fossé immense dès qu’on ajoute le cheval à l’équation. Le soleil imposant et les contre-jours violent m’empêchent de voir le résultat exact de ce que je produis mais peu importe c’est un fantastique terrain de jeu. L’heure tourne je n’ai pas de temps à perdre si je veux réaliser les idées prévues. L’équipe de Cheval des Vignes s’adapte à mes besoins, propose, réalise la mise en place.
Les curieux deviennent de plus en plus nombreux : touristes ébahis comme habitants de la ville, sportifs, voire même policiers ils s’arrêtent tous pour découvrir ce moment inhabituel. Une belle occasion pour les équipes de Cheval des Vignes de renseigner, informer, partager leur passion et expliquer leur métier. La foule est disciplinée, ébahie par ces gros chevaux de 800kg qui évoluent au calme et avec placidité. Mais c’est tellement incroyable de voir les images prendre forme, de voir ces gentils géants évoluer, et mettre en scène chevaux, humains.
Le percheron hennit, le photographe passe
Damned l’heure butoir arrive déjà et je prends conscience qu’on arrive déjà à la fin. Le temps nous a filé entre les doigts à une vitesse folle mais il est temps de libérer les lieux comme convenu. Le soleil est déjà haut et commence à chauffer. Il est temps de rentrer. Les chevaux sont imperturbables, calmes. Presque blasés de faire « encore » une séance photo. Les stars aux sabots jouent les habitués du passage sous l’objectif.
On est à la 6ème séance de ce projet avouons qu’ils sont devenus des modèles expérimentés. Après avoir pénétré dans les domaines du Château Beauregard, du Château Canon ou encore du Château Montlabert le miroir d’eau est un juste un terrain de jeu de plus. Ils ont pris même l’ascenseur !!!
Ils deviennent rôdés à l’exercice. Les étoiles brillent dans les yeux de toute l’équipe. Encore une séance photo incroyable de bouclée. Car au final cette série photographique c’est certes d’abord des images dingues mais avant tout une aventure humaine riche et passionnante. Des expériences qu’on ne vit qu’une fois et qui changent du quotidien.
MERCI !
Je remercie tout particulièrement l’équipe municipale de la Ville de Bordeaux pour nous avoir autorisé et mis à disposition les moyens de réaliser cette séance photo unique. Je remercie Cheval des Vignes pour son implication toujours aussi folle, Thibault pour sa présence encore une fois et la couverture des coulisses du projet, Julien pour les coulisses vidéos, Olivier de Reflex Haut pour m’avoir encore suivi dans mes folies, Merci Sud Ouest et Gironde Tourisme pour votre visite. A l’heure où j’écris ces lignes, 7 mois après cette aventure le projet est terminé. Une aventure épique et vraiment enrichissante humainement et une expérience fantastique.
Et les photos dans tout ça ?
A l’heure actuelle je tente de faire éclore l’exposition pour que cette série voit le jour. C’est un processus long et complexe, il faut trouver des financements, des lieux adaptés. Mais promis les photos vous seront dévoilées au fil du temps !
Encore une fois je le rappelle : cette séance s’est déroulée avec un ensemble de professionnels qualifiés et spécialistes du monde équin : du photographe aux équipes de Cheval des Vignes. Tout a été minuté, préparé et réfléchi pour assurer une sécurité optimale et une prise de risque réduite. Les chevaux n’ont pas eu le temps de subir les températures estivales et ont voyagé dans des conditions optimales..
