On commence l’année avec une réflexion personnelle qui ne sera pas (encore une fois) basée sur des références bibliographiques, scientifiques ou autres publications dignes d’un grand article de référence avec ses 10 569 annexes et mentions. Non juste un regard personnel sur un type de photographie, après quelques années passées à observer un peu ce qui se publie, ce qui s’expose, ce qui fait les discussions photos sur le sujet. Thématique du jour : Qu’est la photographie équine pour le reste du monde et quelle est sa place ?

La photographie équine ou équestre ?

Deux domaines avec de grandes similitudes. J’aurais tendance à dire que les deux termes sont identiques en terme de résultat. Mais peut être que le puriste souhaitera dédier la photographie équine au cheval seul, et la photographie équestre à la photographie sportive ou tout du moins incluant une activité avec son cavalier ?

Mais je trouve personnellement ces mentions assez réductrices au vu des possibilités que l’on peut rencontrer. Le cheval est un sujet photographique mais les domaines dans lequel on peut le voir évoluer sont assez immense : du sport, en passant par la mode, l’activité professionnelle, de loisirs bref l’étendue semble si vaste et ranger ça dans des cases strictes c’est un peu inadapté selon ma façon de voir le monde. Mais encore une fois c’est un avis personnel.

La photographie de portrait ou de reportage face au cheval et à sa discipline photo

Il n’y a pas à discuter la photo dans son ensemble est représentée sous des thématiques très ciblées et toujours mises en avant. Quand on parle photo on parle forcément de street, macro, portrait, reportage et de mode, culinaire, astro, voiture, sport etc. Vous voulez sourire ? Dans une discussion sérieuse entre photographes expérimentés, spécialistes des arts ou autres il suffit d’évoquer votre pratique spécialisée dans la photo équine artistique.

Et attention je ne parle pas de la photo de concours hippique où vous serez catalogué photographe sportif (bah wais les cases toussa…). Bref dans la discussion, je pense que soit tout le monde rigole, soit le sujet passe à la trappe dans les 5 minutes qui suivent. Pourquoi ? Tout simplement car nous sommes des extraterrestres dans le monde photographique.

Pour faire simple voyons un peu une liste des catégories que je retrouve sur tous les concours photos auxquels je me suis intéressé par curiosité. N’y voyez pas trace d’égo puisque je suis loin de me sentir à la hauteur pour prétendre à présenter mes travaux sur des concours. Syndrome de l ’imposteur quand tu nous tiens…. Mais c’est un autre problème.

Les concours photos et le cheval

Le problème des concours c’est qu’il faut trouver la catégorie qui correspond. Et sans mentir ou exagérer voici els rubriques types de 99.9% des concours photos :

  • Portrait
  • Famille
  • Mariage
  • Reportage
  • Publicité
  • Mode
  • Création numérique
  • Animalier Sauvage
  • Paysage
  • Macro / flore
  • Sport
  • Culinaire
  • Maternité / grossesse
  • Illustration
  • Concert
  • Architecture
  • Le nu

Et on retrouve parfois dans ces rubriques (quand on pense à eux) un des autres parents pauvres de la photo : l’animalier domestique (canin et félin), la photo équine est dans cette rubrique.

A l’heure ou j’écris en France, AUCUN concours avec un minima de renom, ou de pertinence ne propose de catégorie pour l’animal domestique : chien, cheval, chat etc. Je parle bien entendu des concours NON spéculatif. Si je suis dans l’erreur vous pouvez me corriger.

  • Il n’est pas sauvage donc pas de l’animalier en dehors d’un reportage sur une race de chevaux encore existant à l’état sauvage. Mais là on joue avec le sens du terme animalier sauvage.
  • Il est accompagné ou non d’humains donc ça pourrait rester en portrait mais au final non car l’animal est souvent le sujet central de l’image.
  • Il n’est pas réalisé dans son habitat naturel donc pas possible de le ranger dans l’animalier sauvage non plus
  • Il a subi des retouches (pas forcément des modifications structurelles mais parfois enlever la longe ou une main) donc souvent refoulé des sélections étant donné l’obligation du cliché vierge de retouches.
  • Il peut être photographié en studio donc encore aucun lien avec l’animalier sauvage non plus et c’est un motif de refus.
  • Création numérique : là encore ça passerait mais l’intérêt de cette catégorie c’est la manipulation numérique pas la photographie équine telle qu’on la connait. Donc on risque de passer sous el radar et après els vrais photoshopeurs fous.

Ajoutons la sensibilité éventuelle d’un jury à l’animalier domestique et encore pire avoir un minima d’affinité pour le cheval. Soyons franc il existe beaucoup de personnes qui n’ont aucune attirance même minime pour les animaux de compagnie et encore moins pour les chevaux. C’est une réalité pas une fabulation.

Attention je ne reproche pas ce fait on a tous des sensibilités similaires mais je me pose la question sur l’éventuelle problématique que ça pourrait apporter…

Bref question sensibilité à cette thématique ça va être dur de lutter et de trouver des jurés vraiment accrochés à ce type de visuels.

Le cheval en expo, le cheval en musée

Les expositions photos avec pour sujet central le cheval sont rarissimes ou très peu nombreuses voire anonymes. On voit rarement éclore d’expositions de photographes équins ou du moins qui ont dans le cœur de leur pratique le cheval comme muse photographique. Il en existe mais ça reste discret.

Les musées avec une collection photographique équine ou équestre je n’en connais aucun en dehors peut être de certains lieux spécifiques. Les collections d’art équestre sont plus riches dans le domaine de la peinture et de la sculpture. Normal ces arts sont bien plus anciens et leurs histoires ont commencé il y a très longtemps, sans oublier qu’on retrouve dans leurs auteurs des maitres en la matière qui ont servi de maitre étalon, de référence indiscutable.

A défaut les seules expositions photographiques équines avec une présence forte et médiatisée sont je trouve, des artistes déjà connus et reconnus. Pas connu forcément dans le domaine équin mais bien dans d’autres disciplines photos. Le fait que l’artiste vienne se pencher sur le cheval est quelque part l’attrait que va avoir ce travail. Car il a été réalisé par X. Donc à mon sens c’est tronqué. On vient voir le travail de X mais cherche-t-on vraiment à se pencher sur la photo équine ? N’est t’on pas un peu influencé par le fait de voir un artiste plus qu’un sujet ? Je me pose la question.

Les fonds d’aide à la création photo en équestre ? Vaste blague….

Pour ce qui concerne la possibilité de créer en tant qu’artistes photographes. Je parle là d’ouverture de résidence artistique, de bourses pour une production, une commande, une exposition, un festival bref…. Les résidences d’artistes en photo équine se comptent sur… un doigt de la main (il n’en existe qu’une et c’est récent), et les bourses photo déjà très élitistes de base sont inexistantes dans le domaine équestre pour la production de photographies. J’ai cherché je n’ai rien trouvé.

Ce genre d’opportunités existe pour le cheval et pour bien d’autres spécialités (peinture, art plastique etc) mais il faut avoir un parcours artistique souvent très solide et reconnu, La photographie est là aussi un domaine à apprivoiser autrement que par sa spécialisation. Difficile donc sans parcours par les Beaux Arts et autres parcours artistiques généraliste de démontrer un potentiel éventuel. Là encore je m’interroge peut être à tort amis soyons franc….

Le cheval dans la photographie artistique, une discipline trop jeune ?

Oui le cheval a sa place dans l’univers artistique c’est indiscutable mais face aux colosses de la photo (je parle des thématiques courantes archi reconnues) comme vu plus haut (portrait, reportage, paysages etc), ce type de photo reste relativement anonyme, discret.

Le cheval est souvent qualifié d’extraterrestre dès qu’on en parle à des néophytes. Il reste un animal distant, Il n’est pas un animal de ferme ni vraiment « domestique ». On porte parfois, voire souvent un regard élitiste dessus. On a en peur, on ne le comprend pas forcément et on a même du mal à saisir les motivations et l’attachement des cavaliers à leurs montures. Le cheval reste donc très à l’écart du reste des animaux plus courant comme le chien et le chat. Incompris quelque part, peut être trop méconnu, peut être mal mis en avant. A l’opposé si on pose la question, on le trouve majestueux mais on conserve une certaine distance avec lui. Une forme de crainte demeure dans l’esprit de nombre de personnes.

Pour ce que j’en ai appris au cours de ma « courte » expérience de photographe équin c’est que lorsque je me dois d’expliquer à des personnes, ou des photographes, ou encore aucunement lié à cet univers ; mon choix de faire du cheval ma muse. Cela devient vite un parcours complexe. Avec le temps j’ai dû apprendre à simplifier et à utiliser des arguments adaptés, à la comparaison avec autre chose, au ressenti que j’ai. L’intérêt ? Faire transparaitre mon admiration pour cet animal puissant, qui nous émerveille sans cesse et aussi…. nous impressionne. Expliquer le fondement de mes choix créatifs envers le cheval. pas toujours facile.

Je ne cesse de me questionner sur le sujet et de ce fait, les raisons qui font que l’art photographique ne se penche que peu sur la photographie équine. Peut-être aussi que cette discipline reste aussi trop jeune. La photographie étant déjà un art jugé jeune. La photographie équine est aussi restée très longtemps focalisée sur une dimension purement documentaire. On découvre depuis peu l’émergence d’artistes photographes qui innovent et sortent des cadres traditionnalistes. L’approche apporte une fraicheur nouvelle et espérons, un intérêt qui va se démocratiser sur le long terme.

Le cheval un accessoire pour photographe traditionnel ?

Pour moi comme pour tout homme ou femme de cheval, l’équidé est plus qu’une « monture », il a une âme, une sensibilité. Il est aussi vivant que vous et moi. Mais pourtant on voit des photographes qui incluent le cheval mais sans le valoriser. La photo de mode est l’exemple typique qui va inclure le cheval comme sujet ou accessoire sans l’image adaptée. Le cheval est vide de sens, accessoire presque dévalorisé dans l’image qu’il nous retourne. Il manque la petite étincelle qui va transcender le regard de l’équidé et le passer de décor à… acteur.

Peut être aussi qu’en tant que spécialiste cette approche parfois mal aisée me choque plus qu’un autre ? Le manque de mise en valeur dû à la méconnaissance de la mécanique du cheval, de son comportement, de ses émotions me saute au yeux et me chagrine.

La photographie équine évolue et le cheval en devient un réel acteur

Aujourd’hui on va plus loin que l’image du cheval en troupeau ou dans son pré. Observé, capturé à la mode « animalier sauvage », à l’affût qui est restée très présente dans les photos passées. Aujourd’hui, les photographes intègrent le cheval tel un modèle, un acteur de leur image. On va plus loin que dans la simple photo nature. On entre dans un travail recherché, réfléchi où le cheval est vraiment valorisé et mis en scène, il est vivant et on peut presque ressentir sa personnalité. On intègre une perception de compagnon de vie.

Alors ce texte est parfois vide ou creux, parfois provocateur, insipide. Je me trompe ? Sûrement. Arguments fallacieux ? Possible. Inculture totale ? il y a des chances. Mais j’avoue je serais curieux d’en débattre et de changer de vision. D’écrire un autre billet contradictoire qui viendrait renverser mes arguments. A vous d’y réagir et de m’ouvrir l’esprit.

J’ose espérer un jour qu’on verra émerger plus d’artistes en photo équine (je ne parle pas de moi hein j’en suis à des lieues). Je pense à des artistes qui à mes yeux ont un talent juste fou. Parfois brut, parfois affiné. Et espérer que ces artistes bousculent un peu la scène actuelle, sorte cette discipline de l’ombre. Affaire à suivre ou non, peut-être dans une autre vie qui sait.

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