Faire le point sur ses connaissances en gestion d’entreprise
La question classique avant de devenir photographe professionnel. La gestion d’entreprise ne se découvre pas au fil de l’eau. Se lancer après avoir regardé deux vidéos YouTube ne fera pas de vous un entrepreneur accompli. Le quotidien d’une entreprise passe par la facturation, la comptabilité simplifiée ou non ou encore la gestion du compte bancaire, les démarches obligatoires.
Tant que vous ne serez pas à jour sur tous les domaines : URSAFF et déclarations de chiffres d’affaire, obligations fiscales, comment tenir votre comptabilité, les obligations lors de la déclaration de création, qu’est-ce qu’un SIRET et un SIREN, qu’est que la CFE. Ou encore quel statut choisir dans mon cas de figure, ais je rencontré des banquiers ou des comptables pour leur parler de ma création ? Est-ce que je suis allé voir la Chambre des métiers consulter un conseiller ?
Trois quart des photographes qui se lancent aujourd’hui le font sur le web en micro entreprise. Il y en a bien 20% sont incapable de remplir correctement les formulaires d’inscriptions et viennent poser des questions sur les réseaux. Le reste a soit étudier l’ensemble de la problématique et est donc en mesure de faire sa déclaration sans se poser de questions, une autre partie posera les questions après et ça va engendrer… des problèmes.
Ce n’est pas parce que c’est simple et « gratuit (attention à ce mot il n’est pas toujours exact) que vous devez faire ça devant une série Netflix au coin du feu avec un verre de vin. Il faut savoir ce que l’on met comme information, à quoi les champs correspondent. Et si on n’est pas certain : on va faire les démarches avec un conseiller de la CMA.
Avoir étudié le marché, la concurrence des photographes de son secteur
Créer son entreprise et devenir photographe : rêve gloire et richesse. Mais je vous arrête direct avant de pouvoir appuyer sur le déclencheur et vous occuper de votre premier client il faut faire une chose primordiale : étudier le marché. Qui fait quoi dans votre région, qui a une boutique physique, quels sont leurs prix, leur clientèle, leurs prestations. Est-ce que vous allez vous lancer dans un secteur hyper concurrentiel comme la photo de mariage ou est-ce que vous allez faire de l’animalier couplé à du scolaire ?
Etudier le marché de la photo dans votre région vous aider à définir quel endroit sera le mieux placé et la niche la plus pertinente pour vous développer. Tout comme la qualité de votre travail impactera forcément cette étude. Etes-vous meilleur que vos concurrent ou en dessous ? Etes-vous en grande métropole ou dans un bassin d’emploi fragilisé avec une population dont le revenu n’est pas incroyable ? Avez-vous besoin d’un local mais où s’installer, les prix du m2 à la location ? Beaucoup de questions à se poser et à réfléchir pour s’intégrer facilement. Et cette recherche est importante.
Avoir créé des tarifs adaptés et réalistes pour un photographe professionnel
Se lancer c’est chouette mais trois quart des photographes qui se lancent se posent la subtile question une fois les premiers mois passés : est-ce que mes tarifs sont correct ? Ou alors ne se la posent pas du tout et bradent leur travail ou encore ont déjà réfléchi au sujet en amont ;). Vous allez ensuite devoir lister les prestations que vous allez réaliser. Mais à quel prix les vendre ? Qu’est-ce que vous devez intégrer dans ce prix : charges, assurance, loyer et que vous reste-t-il à la fin ?
La question du tarif est importante car commencer trop bas ne sera pas rentable et l’évolution vers le haut lente et complexe. Trop haut et vous devrez justifier ces tarifs par la qualité et le contenu de la prestation. Donc créer ses tarifs c’est calculer pour une prestation rentable (où vous gagnez de l’argent avant d’en perdre) mais aussi pouvoir justifier ce qu’ils intègrent.
Avoir un site web de photographe qui soit qualitatif et ergonomique
A l’heure du numérique impossible de passer à côté. Pour ceux qui ne vont pas travailler avec un local avec pignon sur rue mais au domicile de leurs clients (même si ça reste tout aussi important pour eux) le site est la vitrine virtuelle d’un photographe. Le client sera ravi de découvrir votre travail depuis son canapé, au chaud, avec du temps pour choisir et voir si votre travail lui convient.
Ne pas avoir de site web vous couperait d’une partie importante d’une potentielle clientèle. De plus c’est aussi la possibilité de créer des premiers contacts, de montrer votre travail ou d’expliquer la philosophie qui vous anime en tant que photographe au travers de vos textes et vos galeries.
Il faut un site léger, qui se charge vite, ne soit pas trop chargé en choses inutiles. N’oubliez pas non plus la partie référencement pour que les moteurs de recherches vous trouvent facilement en fonction des mots clés et de la zone géographique du client.
Votre site c’est apporter une vision claire de vos compétences et de vos prestations. On ne mélange pas tout n’importe comment.
Avoir un niveau de maitrise dans sa discipline photographique
J’en vois beaucoup qui veulent se lancer en tant que professionnel. Mais dans le tas combien sont à même de montrer un travail qualitatif, régulier et qui justifie un investissement minima de la part d’un client ? Certes la qualité de votre portfolio pourra toujours passer après votre qualité de commercial si vous êtes un bon vendeur. Être professionnel c’est avant tout juste … un numéro de siret certes.
Mais même en étant doué en marketing n’oubliez pas que la qualité de votre portfolio est votre meilleure carte de visite. Si vous n’êtes pas encore capable de produire de la qualité de façon régulière dans un temps imparti, si vous n’êtes pas capable de répondre exactement à un cahier des charges précis, si vous n’êtes pas capable d’organiser une séance et de guider chaque participant c’est que vous n’êtes pas encore prêt. La qualité elle se verra à la fin quand votre client découvrira ses photos. Et si le travail n’est pas à la hauteur…
Quand je vois certains qui ne savent même pas ce que veut dire calibrer un écran et se demandent pourquoi le tirage est moche versus le rendu écran, ou veulent se lancer dans la photo studio sans formation ni expérience je ne suis pas convaincu. Le problème qui se pose à la fin c’est que la qualité produite n’est pas la hauteur de ce qu’un (vrai) professionnel se doit de présenter à un client. Après chacun verra midi à sa porte c’est une opinion personnelle.
Donc quand on ne sait pas faire, ou pas encore assez bien on se forme avant : workshop, formation (des vraies pas des pseudos formations avec des formateurs en carton), on investit dans des ouvrages spécifiques, on pratique. Maitriser apporte la confiance et l’assurance indispensable à la réalisation d’une commande.
Un professionnel produit de la qualité, guide les indécis, rassure et met en confiance son client. Le coût d’une prestation c’est aussi intégrer un moment agréable lié aux photos finales. Et maitriser la partie technique vous ôte cette problématique et vous permet de vous concentrer sur le relationnel avec votre client, vous concentrer sur la commande et ainsi être au top.
Etre bien assuré
On le dit assez souvent : protégez-vous ! La responsabilité civile professionnelle n’est pas obligatoire mais vivement conseillée. Faire l’impasse sur cet aspect c’est prendre des risques qui pourraient vous couter cher, voire très cher. Un client qui se blesse, vous cassez quelque chose, vous êtes responsable d’un accident, une plainte est déposée contre vous ? La liste potentielle des problèmes est longue et seule une assurance adaptée à votre activité pourra parfois vous sauver la mise. N’oubliez pas non plus le recours obligatoire à un organisme de médiation si vous travaillez avec des particuliers. Oui je sais la législation….
Avoir trop confiance ou pas assez
Ceux qui se lancent la bouche en cœur et les mains dans les fouilles, à moins d’avoir une clientèle solide et un bon gros CA assuré à la fin du mois c’est dangereux. J’entends par là que je vais rassurer la quasi-totalité des photographes qui se lancent : oui c’est normal de douter, d’avoir peur, de ne pas se sentir parfois sûr de soi. Le syndrome de l’imposteur touche parfois nombre d’entre nous.
Sachez que créer et gérer une entreprise ce n’est pas chose simple, c’est un saut parfois sans filet et c’est donc normal de traverser ces périodes de doutes. C’est une formidable aventure mais difficile aussi. Donc n’écoutez pas ceux qui pensent qu’être artisan c’est facile et sans risque. Doutez toujours mais pas de trop. La confiance viendra avec le temps et l’’expérience. Et sachez que se remettre en question de temps à autre ne fera que vous tirez vers le haut. Enfin normalement.
Avoir une trésorerie pour les cas d’urgence et les débuts
Se lancer en tant que professionnel c’est se rendre compte que les débuts seront difficiles parfois, ou encore que certains moi seront moins gagnant que d’autres. Sans oublier les accidents de matériel, risques de vol, arrêt suite à un problème médical et j’en passe. Il faut donc débuter avec un capital de sécurité présent pour pallier à ces dysfonctionnements et mauvaises surprises. De cette façon les factures sont payées et vous êtes tranquille. Et ce même pour une activité secondaire. Donc oui il faut anticiper les choses. Même en cas d’activité secondaire on ne sait jamais quel problème peut nous tomber dessus : panne matérielle, informatique, litige client etc.
Avoir trouvé des fournisseurs adaptés à son travail
Là aussi je râle sur les pseudos professionnels justes lancés qui ne prennent pas le temps AVANT de se documenter, et tester les produits des laboratoires. Vous voulez vendre des prestations et des tirages à votre client mais vous ne savez pas vers qui aller. C’est une preuve totale de non réflexion et une faute.
Avant de se lancer il faut réfléchir vers qui vous allez vous tourner pour vos produits et tirages si vous ne souhaitez pas vous en occuper vous-même. Prenez donc le temps de commander des échantillons, échanger avec les imprimeurs locaux, créer une grille tarifaire des produits et évaluer la revente en intégrant une marge.
Assurez-vous d’avoir des fournisseurs fiables, qui correspondent à vos critères de qualités. Luxe, élégance ou encore tirage courant tout s’étudie. De cette façon quand le panier de votre client juste indécent de par son tarif final se retrouve fourni de produits photos bas de gamme et digne d’un laboratoire ignoble ça ne va pas le faire. Vous passez pour un idiot devant votre client, vous devrez vous retourner contre le laboratoire, trouve en urgence un nouveau fournisseur et là encore sans garantie de résultat. Mais si à l’avance vous avez étudié la chose le SAV sera beaucoup plus rapide et efficace, vous saurez à qui vous adresser et quels éléments faire remonter.
Penser aux prestations photos « tous publics »
N’oubliez pas que se lancer comme professionnel amène forcément à faire des choses qui ne vont pas vous passionner. Les moins les plus « léger » en commande vous obligeront à trouver des prestations pour rentabiliser votre chiffre d’affaire mensuel. Il faut donc pouvoir offrir des services au public comme la photo d’identité au domicile, la photo scolaire, ou encore la photo d’entreprise, les mariages, les naissances et photos de grossesse. Se diversifier c’est ne pas se fermer à de possibles opportunités professionnelles qui vous permettront parfois de rentabiliser votre activité plus qu’avec certains domaines. A condition toujours de MAITRISER son sujet…
L’exemple de la photographie canine ou équestre est un exemple parfait. Ce ne sont pas des activités commerciales qui vous permettront de réaliser un CA mensuel régulier. Sauf à être très bien placé et avoir développé une clientèle fidèle et un bon comportement marketing.
Ajoutons à cela que c’est aussi une qualité de service artisanal que vous offrez à vos clients : encadrement, photo d’identité, tirages à la demande ce sont un ensemble de services que les clients apprécient d’avoir en local plutôt que d’avoir affaire à des prestations industrielles.
Bien entendu tout dépendra de si vous avez un local pour recevoir du public ou non. Chacun étudiera alors ce qu’il est potentiellement possible de proposer.
Pour conclure : photographes professionnels prenez le temps
Je l’ai déjà dit redit et reredit au travers de plusieurs articles précédents Photographe passionné vers statut pro : bien réfléchir avant d’agir: le temps est votre ami. Plus votre projet sera mûri et évolué plus vous pourrez vous lancer en confiance. Vous soulager ainsi de questions dont les réponses e trouvent toujours en amont. Ainsi vous serez armé, et prêt à affronter votre clientèle, et vous concentrer réellement sur votre coeur de métier.