Petit billet pour rappeler certaines petites choses souvent négligées par les photographes passionnés, amateurs. A l’heure actuelle et au vu de la facilité donnée par le système pour créer une entreprise et se lancer sous un statut professionnel beaucoup ont une tendance à croire que la pratique occasionnelle de la photographie leur donne une capacité à en faire une activité professionnelle.

Mais trop souvent on voit beaucoup de personnes se lancer à l’aveugle. Trop souvent je lis sur des réseaux d’échanges, réseaux sociaux des discussions surréalistes sur de jeunes entrepreneurs qui ne possèdent pas les bases de base en gestion d’entreprise. Lancé vite fait, seul et en ligne pour avoir un siret et marquer professionnel.

Pourquoi se lancer aussi vite vers la photographie professionnelle

Vous l’aurez compris ce billet se veut acidulé à souhait mais non pas pour crier au scandale, à la concurrence ou encore à la peur de devoir affronter des potentiels créateurs plus doués. Sur cette partie je vous rassure je suis compétent dans mon domaine, au dire de mes clients, du travail accompli durant ces années passées et aux yeux des confrères et consœurs photographes.

Donc la concurrence ou autre n’est pas un élément perturbant du moment qu’elle est équilibrée. J’entends par là qualitative et alignée sur des grilles tarifaires réalistes. Ce que je vais essayer de faire au travers de cet article c’est de vous aider à vous poser les bonne questions.

Un statut de photographe professionnel ça s’étudie, ça ne se mesure pas à son audience instagram

Faire de la photo c’est autre chose que de prendre des photos. Le premier cas de figure c’est un photographe qui maitrise sa technique, possède un certain sens artistique et réalise donc des photos comme on ferait une peinture, un dessin. Prendre des photos c’est capturer un instant de vie, figer un moment quel qu’il soit sans réelle réflexion. On voit on déclenche. Je ne dis pas que cela enlève tout sens artistique à la chose, loin de là mais on est dans deux courants différents. C’est un point de vue personnel j’entends bien.

C’est pour ces raisons qu’il est important de faire le point sur ses compétences. Faire de la photo est une chose mais il y a divers degrés de maitrise  avant de pouvoir être capable de produire un travail de qualité en suivant et en respectant un cahier des charges. Et trop souvent beaucoup se lancent à la suite de compliment récurrent issus de leurs abonnés instagram ou autres réseaux sociaux, à leurs amis ou famille proche.

Non la compétence en photographie ne se mesure pas à sa seule audience. Donc ne pas confondre maitrise, compétence avec succès sur les réseaux sociaux. Les réseaux produisent des masses d’images consommées rapidement sans réel temps dédié à son observation, appréciation, dégustation. On peut être célèbre sur Instagram avec … du vide. Avant tout : on se tourne vers des gens compétent et reconnus pour faire évaluer son portfolio et faire le point sur sa maitrise.

Passionné et professionnel un duo parfois rudoyé

La photographie dès lors qu’elle atteint une pratique professionnelle engage donc à répondre à des demandes de clients. Et ces demandes  ne plairont pas systématiquement. En effet le client a une attente, une envie et c’est votre travail de correspondre à ces attentes. Bien entendu lorsque vous serez reconnu internationalement vous pourrez peut être prétendre à imposer votre vision, mais ce ne sera pas non plus une généralité. On vient vous voir pour votre œil certes mais aussi pour vos compétences de techniciens.

Le client impose donc des choses, et pour respecter le contrat : il va falloir vous adapter. La passion c’est une forme de liberté de création, quand on veut, quand on peut, quand on a envie. C’est ça la force. Le professionnalisme c’est répondre à une commande. On voit bien que les deux choses différentes et qu’il va falloir faire cohabiter les deux éléments. Forcément le professionnel risquera de passer avant le passionnel pour des raisons logiques : vivre de son métier. La passion devra parfois attendre. Ajoutez à cela que la passion enlève les contraintes : comptabilité, relationnel client, devis, facturation, publicité.

Ces éléments que vous n’aviez pas vont devenir prépondérants. La prise de vue, le post traitement deviendront presque accessoire parfois. Et quand ce sera le tour de profiter enfin de ce plaisir ce sera sous contraintes. Il faudra traiter, vite, bien et livrer à temps. Pas question d’avoir une panne d’inspiration et de laisser reposer. Quand c’est un loisir c’est différent : on laisse reposer, on reprend plus tard.

Vous pensez que c’est simple ? Au début oui… puis après passé le temps de la découverte vous comprendrez la notion de contrainte.  Et comme expliqué : un client a des attentes et ne va pas attendre une année pour avoir son travail. Ne pas s’y conformer c’est le perdre lui ainsi que de potentiels autres.

Etudier le marché de la photographie : c’est pas optionnel

Quand on demande à trois quarts des photographes qui se sont juste lancés : as-tu étudié ta concurrence, le marché ? Non. Une grosse partie sait qui fait quoi grossièrement. Mais pas comment, ni avec quels moyens. Mesurer un concurrent juste à sa qualité de travail ne suffit pas. Depuis quand est-il implanté, quelle est sa clientèle, quelle est sa gamme tarifaire.

Se dire artiste est une chose, mais juger un concurrent comme un mauvais photographe et qui pourtant dispose d’une grande capacité commerciale et marketing tuera votre activité en moins de deux. Etre pro ce n’est pas forcément être un artiste reconnu mais avant tout un commercial compétent.

Non le prix d’une prestation d’un photographe ce n’est pas sorti de nulle part

On reproche souvent aux photographes qui débutent un prix d’appel trop bas. Ces derniers hurlent au scandale, qualifient ces donneurs de leçons comme jaloux, comme irrespectueux, « de toute façon les prix trop chers rebutent le client et tout le monde n’a pas cette somme à mettre dedans ». Alors on va voir les choses autrement. Un tarif c’est quoi ? Un tarif c’est bien plus compliqué qu’on ne le pense.

Quand je lis certaines choses j’en tremble. Trop de photographes établissent leurs tarifs en levant  le doigt mouillé et en fonction du vent. NON ! Un tarif c’est amortir les dépenses engagées, les frais de l’entreprise (assurance, matériel, frais, charges). Un tarif doit vous permettre de vivre, amortir les frais de fonctionnement, payer vos charges.

Et sur le papier c’est plus la même danse. Un shoot à 50 balles certes ça attire le client comparé au concurrent qui facture 3 fois plus cher. Mais le concurrent lui dans 3 ans il sera encore là. « Pas logique puisque je suis moins cher ? » FAUX ! Quand l’Urssaf sera passé par là, les impôts, les charges diverse et qu’il faudra faire des courses ben…. Restera plus grand-chose. Résultat au bout d’un moment va falloir pointer à pôle emploi pour renflouer le cochon.

Le client paye pour une compétence, mais en aucun cas le prix est décidé par le client

Donc réfléchir c’est aussi ne pas se précipiter

En effet se lancer comme « pro » c’est avant tout s’assurer de savoir où on met les pieds. C’est jouer dans la cour des grands et fini la pitié. On a des droits mais surtout des devoirs.

Alors avant de brûler les étapes et de gagner un peu d’argent car « j’ai besoin de me faire de l’argent » ou encore « le matos ça coute cher » sachez une chose : la passion ça coûte de l’argent : équitation, golf, foot tous les sports et loisirs coûtent de l’argent, ce n’est pas aux autres de financer votre passion. Donc se lancer comme professionnel veut dire aussi comprendre ça. Puis on s’assure d’avoir un niveau de compétence suffisant :

  • Suis-je capable de répondre précisément à une demande d’un client (temps, qualité, cahier des charges) professionnel comme particulier et d’assumer les éventuels retours négatifs de mécontentement. Et oui le client content c’est simple, le mécontent c’est une autre histoire. Et ça, ça s’anticipe.
  • Suis-je capable de comprendre comment fonctionne une entreprise (charges, obligations, statuts, comptabilité). Est-ce que je ne devrais pas suivre une petite formation pour m’aider ? (Chambre des métiers par exemple).
  • Ais je étudié ma concurrence, le marché de ma région ? Est-ce que j’ai fait un prévisionnel sur deux voire trois ans afin de la soumettre à des gens qui sauront me dire si mon projet est viable ?
  • Ais je réfléchi aux investissements  de départ : matériel, support de communication, site web etc ? Est ec que j’ai une trésorerie de départ suffisante en cas de coups durs ?
  • Comment vais-je vivre au départ ? Loyer, bouffe, voiture, mutuelle. La vie ne s’arrête pas et les factures non plus.
  •  Est-ce que j’ai réfléchir à ma communication, à l’investissement en publicité ? Avoir des potes dans les clubs et écuries ça ne suffit pas à transformer un « je peux être intéressé  » à « je suis intéressé je passe commande ».
  •  Est-ce que j’ai pensé à tout ? Chambre des métiers, assureurs, banque, impôts, médiateur, site internet, matériel de secours, tarifs réalistes, facturation et logiciels, modèle de facture, de devis, connaissances des mentions obligatoires, déclaration de création d’entreprise (où, qui, comment), frais de création
  • Est-ce que mon portfolio est suffisamment qualitatif et réfléchi. Entendre par là dédié au type de clientèle recherché.

Non je ne vous tire pas en arrière, je vous ralentis juste : entreprendre comme photographe ne s’improvise pas

Entrepreneur et photographe c’est un choix à réfléchir posément. Ne suivez pas le mouvement parce que vous avez lu que 10 personnes autour de vous ont fait pareil. Chacun a une situation différente. Chacun sera encore pro ou non dans 3 ans.  Votre situation n’est pas celle du copain ou de la copine. Tout comme le secteur d’activité. Prenez le temps de vous entourer de spécialistes même si ça coûte de l’argent.

Sachez juste que créer ce n’est pas tout à fait gratuit. S’inscrire est une chose mais les services et accessoires autour ont un coût non négligeable. Un conseil bien avisé d’un spécialiste peut aussi vous aider à économiser de l’argent sur court comme long terme. C’est aussi vous préparer à faire face au système administratif et aux obligations.

Quand ce jour sera là, que vous saurez que vous avez coché toutes les cases et serez prêt. Pas forcément confiant certes mais qui l’était le jour de sa création ? Se lancer comme entrepreneur photographe petit comme grand c’est une aventure. Avec des difficultés mais à la clé une expérience sans pareille. Et si vous restez passionné c’est que vous aurez justement pesé le pour et le contre. Parfois la passion reste la façon de pouvoir exprimer sa créativité sans contraintes et en totale liberté.

Quel que sera votre choix vous l’aurez fait avec tout entre les mains. En toute sagesse. Belle aventure à vous amis (es) photographes !

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2 commentaires

  1. Bonjour, Très beau post sur un sujet très actuel et sensible. Je partage à 100% l’aspect du « photographe pro en tout auto » qui sera mis à mal à la moindre exigence client. Pour les tarifs, c’est plus complexe. Il peut y avoir de très bons photographes dont c’est la deuxième activité et qui font ça par passion, avec cerise sur le gâteau, la possibilité de facturer. Je suis un peu dans ce 2eme cas. Concernant les prix, je travaille dure en ce moment pour les remonter avec une logique de rentabilité.
    Je regarde régulièrement votre travaille, même si je ne suis pas dans votre spécialité… bravo pour la qualité des photos, ainsi que pour votre pro-activité sur les réseaux.
    Espérons nous un avenir meilleur pour les mois à venir… avec plein de commandes de photos 😉

    1. Merci pour ce retour ça fait plaisir de voir ses écrits appréciés et lus. En effet des photographes avec une seconde activité il y en a légion et c’est important de trouver un équilibre en terme de tarification. Plus on débute en bas plus on galère à remonter. Il faut vraiment viser juste dès le départ pour rester adapté. La clientèle, sérieuse, acceptera le tarif si elle est conquise par le travail. Parfois il vaut mieux rogner sur d’autres postes de dépenses car une photographie elle dure une vie 😉

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