Photographier un cheval en manège couvert et en lumière naturelle donc sans être dans une configuration purement studio, est une opération complexe. On va devoir affronter plusieurs paramètres :

  • Le décor ambiant
  • Les lumières artificielles
  • La quantité de lumière présente dans le manège
  • Les contrastes entre lumières et ombres
  • La vitesse du cheval

Etudions tout cela dans sa globalité. Je préfère prévenir cet article est une explication globale. Il est primordial de l’aborder avec déjà des notions ancrées.

photographier-cheval-manège-couvert-grain-de-pixel
Photographier le cheval en manège couvert : une réelle difficulté pour le photographe équestre

Le décor ambiant

La première chose qui m’interpelle c’est la déco. Wais c’est mon côté féminin qui parle, non je plaisante. Un artiste a besoin de s’inspirer et de visualiser à quoi va ressembler son travail. La décoration est donc un élément primordial. Et les manèges excusez-moi de mon côté exigeant et un peu bobo c’est loin d’être la panacée en terme d’esthétique. Oui je sais il y a des structures splendides et soignées. Mais soyons réalistes ces structures sont peu nombreuses et le coût est juste inadapté à ¾ des écuries ou écoles d’équitation. Soyons franc une structure générale s’occupe d’abord du côté pratique.

Donc souvent il va falloir chercher les « zones » les plus intéressantes : on va fuir les assemblages de matériaux et chercher une texture unie de préférence pour servir de fond. On fuira le pare botte avec la peinture de poney, la partie ou le haut est repeint en bleu vif etc.

Les lumières artificielles

Photographier un cheval dans un manège couvert c’est souvent se trouver confronter en période hivernale à un éclairage assez diffus, terne compensé par l’éclairage artificiel du lieu. Et cet éclairage est artificiel : néon et autres spots. Cette lumière aura un impact sur l’ambiance des photographies. Je dis impact en termes de balance des blancs et qui donnera une coloration à l’ambiance lumineuse. Si vous ne savez pas ce qu’est la balance des blancs je vous invite à creuser le sujet. Sans bases solide il faut stopper la lecture et reprendre le chemin depuis le départ. La balance des blancs sera impactée et le rendu sera faussé. Sauf si vous shootez en RAW

Et woui on revient encore et toujours sur nos bases photo avec l’impact de la balance des blancs, le shoot en raw etc. Le réglage de la BdB sera donc à faire en post production pour rétablir l’équilibre. Et non le passage en noir et blanc n’est pas une solution pour régler le problème hein…

La quantité de lumière

Ah le problème numéro un c’est lui. L’œil humain a cette capacité magique de capter des écarts de lumières que l’appareil photo ne peut pas encore égaler. Ce que l’œil humain voit, votre appareil photo ne le voit pas forcément et oui… La technologie travaille dur mais a encore bien du chemin pour arriver à cet état. Donc comme en manège dispose d’une luminosité ambiante très faible d’un point de vue de l’appareil photo on va jouer sur divers paramètres : rappelez-vous le fameux « triangle d’exposition » qu’on apprend dès l’apprentissage de la photo.

  • Ouverture
  • ISO
  • Vitesse

Ajouter de la lumière

Chacun de ces paramètres apportera avec lui un morceau de la réponse à apporter. Si la réponse n’est pas complète il faudra après agir sur d’autres paramètres matériels cette fois ci : un objectif plus lumineux, puis l’ajout de lumière de manière artificielle. Comment ajouter cette lumière :

  • Flash externe
  • Ouverture des portes et fenêtres éventuelles pour faire entrer si possible de la lumière de l’extérieur
  • Changer l’heure de prise de vue : pour ce faire il faut trouver à quelle heure l’ensoleillement et donc l’éclairage naturel du manège est le plus optimal

Concernant le dernier point sur l’éclairage naturel on en vient à aborder un sujet : les contrastes et et ces écarts entre lumières et ombres.

Les contrastes et écarts de luminosités

Le manège couvert c’est l’endroit idéal pour faire du clair/obscur, capturer les rayons lumineux qui surgissent sur le cheval. C’est juste magique de réussir à capter ces écarts. Mais est-ce si simple ? Pas du tout. Encore une fois on en revient aux limites de nos appareils. Il va donc falloir faire cohabiter la mesure de la lumière par la cellule de l’appareil avec l’écart lumineux. Et si on aime la difficulté on ajoute un cheval en liberté.

Là s’ajoutera le placement du cheval sur cette petite zone qui vous intéresse. Comment placer exactement le cheval sans qu’il bouge de trop, mesurer, déclencher, vérifier son image. Corriger avec la compensation d’exposition pour régler la surexposition ou sous exposition de façon rapide. Recadrer, shooter.

Bref c’est dur. Très dur. Il faut du temps, apprendre à connaitre l’environnement pour shooter de façon intelligente. On ne travaille encore pas avec un humain qui peut adapter son placement à la demande.

Le travail des ombres et des lumières en manège couvert est complexe pour ne pas se retrouver avec des noirs bouchés et des blancs cramés. Ce qui arrive indubitablement. Ne rêvez pas les superbes images qu’on voit passer occultent les nombreux déchets suites aux essais. Sauf si l’appareil est déjà bien réglé mais soit l’écart est assez subtil et léger soit il est important et on connait déjà les réglages à appliquer (connaissance du lieu et des pièges);  soit on a du bol, soit on a un œil extrêmement bien exercé.

Dans tous les cas de figure on a parfois des choix primordiaux à faire : soit ce sera bouché d’un côté et la lumière parfaite soit l’inverse. Et oui si l’écart entre ombre et lumière est trop tranchant il faut faire un choix car l’appareil lui proposera soit l’un soit l’autre.

Un exemple large qui parlera à tous sera de shooter dans la direction où le manège est semi ouvert (oui souvent le manège possède un côté ouvert sur l’extérieur à mi-hauteur pour faire entrer la lumière). La partie extérieure (où le ciel est visible) sera cramée dans 90% des cas. Forcément puisqu’on va faire la mesure de lumière sur le cheval qui est dans l’autre moitié de l’image (partie manège).

Bon certes on pourra tenter de récupérer un peu de ciel en post production mais à condition de pouvoir éviter de cramer l’extérieur sans boucher la partie cheval/manège. Faisable mais pas toujours suivant l’heure et la météo. Genre un ciel d’été à midi totalement dégagé c’est cramé dans 100% des cas.

Allez, va corser l’équation au chapitre suivant.

La vitesse du cheval

La vitesse du cheval va rendre les choses plus compliquées encore. Soit on assume le flou et on travaille avec ce paramètre. Ou alors on veut de la netteté et là il va falloir pousser son appareil dans ses retranchements : triangle d’exposition etc. En clair on reprend les paramètres exposés plus haut. Si on veut juste faire de la photo de CSO, travail sur le plat on va passer outre les blancs cramés etc.

On va privilégier la netteté car les conditions de lumières seront déjà tellement dures à gérer qu’on ne va pas s’ajouter des paramètres en plus. Il va falloir s’obstiner à bloquer une vitesse minimum, tenir ses iso au plus haut et son ouverture au plus haut, l’AF en mode continu et on shoote. On s’en contrefiche des écarts on veut une image propre sur l’oxer de 130 point barre. Et c’est déjà complexe pour être le plus net possible. Encore une fois je le redis le matériel peut entrer alors en ligne de compte pour ce type d’image si les conditions sont difficiles.

Travailler de façon plus artistique

Pour travailler de façon plus artistique et moins purement sportif on va travailler de façon différente. On va soit travailler sur la vitesse et dans ce cas on va essayer de travailler dans la zone la mieux éclairée possible, soit on va se concentrer sur les zones avec contraste lumineux pour obtenir des images sympas avec les écarts de luminosités.

On ne s’amuse pas à shooter à tout va dans toute la zone du manège. il est impératif de rester figé sur la zone qui intéresse pour optimiser les réglages dédiés à cet endroit en particulier. Si vous shootez ailleurs les réglages ne sont plus bons donc concentrez-vous sur l’endroit : testez, réglez, shootez, vérifiez à nouveau, apportez la correction, reshootez. Mais arrêtez de déclencher à tout va dans tous les coins.

Avec des conditions aussi complexes il vaut mieux repartir avec une seule bonne image soignée qu’avec 850 photos bâclées.

L’appareil et ses limites

Nous n’avons pas tous un appareil pro avec des objectifs lumineux. Apprenez donc à connaitre la limite de tolérance de votre boitier et de vos optiques. Changez de focale au besoin pour une plus lumineuse mais fixe ou autre. Apprenez à savoir jusqu’à quelle valeur iso votre boitier livre des fichiers acceptables. A ce sujet arrêtez de zoomer à 100% dans vos images. Le bruit généré se verra telle une bouillie à l’écran mais faites un tirage et vous verrez à quel point la tolérance est plus supportable. Il vaut mieux une photo bruitée et qui claque qu’une photo ratée à cause d’un flou de vitesse qui soit franchement horrible.

Dites-vous bien une chose : la photo c’est de la pratique, des essais. Et de la persévérance.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.