Le photographe face à la pression des réseaux sociaux 

Le réseau social à l’heure d’aujourd’hui est devenu un outil indispensable. Impossible de le rater, de ne pas y adhérer. Du moins pour un professionnel qui souhaite pouvoir trouver sa clientèle en totalité ou en partie. La publicité de quartier aujourd’hui c’est dépassé. Sans réseau, sans site web un photographe qui se lance aujourd’hui n’existe pas. Bien entendu ce n’est pas une généralité mais si on prend du recul quel est le pourcentage d’artisans photographes sans vitrine web à l’heure d’aujourd’hui ?

Snap, Facebook, Insta la multitude des réseaux dépasse le photographe

Peut-être que ce billet va faire vieux con mais je me dis une chose : les réseaux c’est bien (ou pas) mais c’est une pression de chaque instant. Si on regarde bien la foultitude de réseaux à dispo il y a de quoi se noyer : LinkedIn, Snapchat, Instagram, thread, Facebook, X, Tik Tok, Thread.

C’est juste incroyable de voir la poussée des multiples canaux de communication qui ont émergé. A la mode, passé de mode, génération z, génération millénial chaque réseau a ses adeptes. Les boomers et les X ont Facebook, les milléniaux insta et les Z sont sur Tiktok. Rapide caricature d’un monde en mutation mais c’est un peu avouons-le une certaine forme de vérité. Du support vidéo court à la pensée limitée au nombre de caractère jusqu’à la galerie photo-vidéo illimitée.

photographes et réseaux sociaux la perte de l'authenticité
Ah mince est ce que ma photo sera assez plaisante pour attirer l’œil et donc els interactions donc faire réagir le monde ?

Le photographe sur les réseaux sociaux : la pression de la perfection

Désolé je vais être brut mais aujourd’hui les photographes sur les réseaux c’est une course à la publi instagrammable : une photo retouchée ++, des couleurs qui claquent, on s’en fout du sens profond faut que ça plaise et que ça matche en un quart de seconde.

Soyons franc la consommation cette photo qui a pris peut-être 6h de travail est consommée en une fraction de seconde. Disparaissant sous un pouce dopé aux énergisant pour aller scroller et absorber les 600 publications suivantes ratées depuis la dernière consultation. Si tu n’as pas la photo idéale au bon moment tu dégages tu disparais. Résultat on enterre des créations qui mériteraient un réel arrêt pour lire le texte associé, comprendre la démarche, s’interroger. Non on s’en fout du texte en fait faut que ça soit beau, à la mode et accrocheur avec la phrase kivabien.

A écouter, pas vraiment en rapport totale avec l’article mais très pertinent

Les réseaux sociaux à l’heure des posts de photographes creux et bidons

Il y a bien un truc qui m’exaspère : les post vides de sens, creux, totalement bidons. Une photo avec une accroche totalement vide : « alors vous en pensez quoi », « Totalement fan d’eux », « si glam’ », « trop love et vous ? » Bref c’est vide mais c’est parfaitement calibré car les réponses des commentaires ne voleront pas plus haut sans dépasser les trois mots quand on va jusqu’à 3 si on exclut les émoticônes. Bref c’est de l’apparence, c’est non construit et ça n’apporte rien. C’est dommage pourquoi ? Car on se dit c’est du pousse bouton.

Pourquoi ne pas partager son cheminement, sa réflexion, ses pensées qui ont conduit à créer ce cliché. Expliquer la technique ou la poésie de ce moment mais pour de vrai pas juste avec des phrases tiroirs toutes prêtes pour faire réagir son audience. Où est passé l’échange, le débat, l’interaction.

J’assimile ça à des gens qui passeraient devant une expo photo en courant en criant « trobo », « oh les bg », « waw j’adore ». Mais quand est ce que quelqu’un va stopper net. Admirer, regarder, chercher fouiller et interpeller le photographe qui attend à côté qu’on entame une vraie discussion.

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Où l’on constate la richesse et la profondeur des commentaires.. Consommer ce n’est pas vraiment apprécier…

Les réseaux sociaux pour ses photos : entre professionnel désabusé et amateurs sponsorisés

J’ai vraiment du mal à comprendre, et ne venez pas me sortir que c’est une question de génération, de sensibilité ou autre connerie. Les algorithmes tiennent tout le monde par les coui***. Aujourd’hui si on ne s’adapte aps parfaitement on est mort, invisible.

Si tu ne bouffes pas ton temps à monter un reel d’1 minutes après avoir bossé 4h dessus, si tu ne réfléchis pas à avoir un fil d’actu équilibré et accrocheur, vendeur donc avec une approche marketing pour séduire vite vite vite ton audience tu n’existes pas. Si tu n’es pas en capacité de rédiger pour l’audience avec tes phrases tiroirs tu es invisible. Fuis le texte, fuis la richesse, sois concis, court et bateau à souhait. Sinon tu bouffes encore plus que plus le temps passé. Et le temps que tant que professionnel c’est une denrée qui coûte de l’argent.

Soyons franc les réseaux c’est chronophage à alimenter. Il faut tout le temps être sur le qui-vive, tout le temps cette pression de publier, spammer les commentaires pour répondre même avec une réponse de base à tes « followers » qui pue le copier coller. On perd son âme. On perd sa sincérité. On joue un rôle lisse et rédigé par avance. Où est la spontanéité ?

Ajoutons la mode des photographes passionnés qui se mettent à dépenser du budget pour sponsoriser des posts. L’intérêt ? Juste glaner des followers pour devenir le nouvel influenceur reconnu ? Juste avoir les compteurs qui s’affolent ?

N’est-ce pas jouer le jeu des plates formes qui s’enrichissent sur leur dos ravi d’avoir réussi à conditionner l’humain dans un profil marketing qui rapporte. Encore plus quand ces publis sponsorisés n’ont pas vocation à vendre un service ou une prestation.

Les formateurs photos sur les réseaux : la crème de la crème des marketeux tendances

Eux c’est les pire à mes yeux : les slides accrocheurs avec des phrases toutes faites, la promesse de devenir photographe Professionnel avec un p majuscule, d’exploser son chiffre d’affaire en suelent 1 mois (trop fort victor toi t’es un bon) ou encore devenir le nouveau pro de la retouche en suivant un tuto qui fera de vous le 100000000000 ème photographe à pratiquer le même style de photo que les autres. Ah oui par contre ça sera socialement réseautable.

Bref là aussi c’est des posts vides et typée dans le but de ramener des clients. Est-ce que ça marche ? oui certain. Mais quand les formateurs deviennent à leur tour formateur en répliquant le même modèle mais souvent de moins bonne qualité on se demande où est la réflexion ?

Suffit de regarder pour l’équin et le canin : flou là pleine ouverture ajoutée en post prod, halo de lumière, feuilles d’or copiées et recopiées, poudre colorée par sacs entiers, cascades par centaines, glaciers, surface d’eau lissée, photo sur fond noir numérique, tendance moody et j’en passe. Bref des copier-coller d’idées à la base originale et issues d’un artiste novateur mais devenues totalement insipides à force de copier et recopier par centaines et souvent avec une qualité….. voala voala…

Le photographe des réseaux sociaux : amour gloire et beauté

Pour terminer je vais encore moins me faire des adeptes en mettant un profil qui m’agace encore plus : le photographe a une vie de rêve. Son agenda est blindé à mort il faut vite réserver. Il l’affiche dans ses story tous les jours. Au final c’est juste du marketing car son agenda n’est pas plus rempli que ça mais ça fait le gars débordé et adulé. Le photographe dans ses reel ne fait jamais de compta, jamais ne montre le temps perdu à faire des mails, le téléphone, programmer ses posts, s’arracher les cheveux, paniquer, prospecter ou faire de la photo « alimentaire ».

Nooooooooon. Il montre ses coulisses de séances où il se roule dans le sable et l’herbe, souriant. Il a une vie de rêve qui fait se dire waaaaaaaaaaaaaaw à toute son audience. Toujours un sourire, jamais une galère c’est le reflet type de l’influenceur et sa vie parfaite à Dubaï entre piscine et ferrai. J’adore : futile, lisse et dénué de véracité, de ce sentiment d’originalité.

Jaloux ? Nonnnnnnn ! et je vous explique : je trouve juste que ça manque cruellement d’AUTHENTICITE. C’est lisse, trop propre sur soi et ça ne renvoie pas une image réelle, ça ne différencie plus personne. On vient à s’enfermer dans un modèle de perfection qui met la pression, et cache des mal être, des difficultés réelles, ou encore écarte des artistes de talent qui se consacrent plus à créer qu’à se battre pour plaire à une audience éphémère.

Au passage ça crée des vocations irréfléchies de photographes s’imaginant investir cette vie de rêve qui…. n’en sera jamais une. Mais bon le face to face de la réalité ça peut faire du bien. Se prendre un mur permet de grandir il parait. Ah oui c’est pas bienveillant c’est certain.

Pour conclure sur les réseaux et les photographes

Possible que beaucoup y verront de ma part une frustration, une jalousie bref mettez les phrases que vous souhaitez faut savoir lire entre les lignes ce qui n’est aps toujours simple. C’est un constat personnel qui aujourd’hui avec le recul et le temps me démontrent que l’usure, la pression de publier et de plaire me freine parfois dans ma créativité, mon envie.

Frustrant de devoir se comparer aux autres car c’est humain et de ne pas toujours arriver à lâcher prise c’est agaçant. Je connais mes compétences, mes limites mais aussi ce que je peux encore apprendre et faire. Mais cette pression malsaine reste pesante et plane toujours malgré tout. Un jour peut être arriveront nous à revenir à un modèle plus éthique, plus humain, plus authentique. Mais encore une fois l’activité commerciale ne souffre pas de ces réflexions.

Il faut à un moment se dire que les clients vous trouvent par ces moyens très souvent, mais pas que. Et que c’est aussi ces outils qui permettent à une partie voire une très grosse partie pour certains de réaliser des prestations. Alors on s‘accroche et on continue ! Mais s’il vous plait : SOYEZ AUTHENTIQUE ! Soyez vous-même, arrêtez de faire pareil que le voisin. Arrêtez ce côté lisse et idéaliste. Ne faites pas les moutons pour retrouver et montrer à vos client votre véritable identité visuelle et créative. Ne copiez pas bêtement les modèles existant et apprenez à vous démarquer, à créer votre manière de faire et de montrer.

Pas d’accord, ou envie de débattre ? Je suis carrément ouvert à tout dans le respect et la correction bien entendu. Ne me parlez pas de bienveillance j’exècre ce mot mal utilisé, et déformé à outrance hein…. Je suis ouvert à la vraie critique qui fait mal mais qui apporte une forme de vérité, pas celle gratuite pour troller.

Allez la bise au chien et bonne route à tous. J’espère que ce billet vous aura permis de vous questionner. Pas de changer littéralement de point de vue et tout lâcher mais bien de revoir votre approche des réseaux pour une direction plus éthique.

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