Avec le recul et le temps je me rends compte que ma gestion de projet photographique a évolué. Et je voudrais vous en faire part pour vous aider à vous y retrouver, à améliorer vos travaux personnels et pourquoi pas vous apporter des éléments intéressant pour que vous photographes passionnés puissiez-vous en servir. Et comprendre. Comprendre que le mot projet a un sens.

Attention comme d’hab’ n’oubliez pas je ne suis pas un maitre à penser, juste un petit photographe de province qui partage une prose qui sera sûrement jugée proche de l’amateurisme par des plus experts que moi. Mon envie c’est juste de partager mon ressenti et de vous donner des clés pour avancer et progresser. Le reste va falloir vous démerder un peu.

Le projet photographique ce n’est pas juste une simple séance

Il faut d’abord comprendre que le mot « projet photo » est très très mal utilisé. En clair un projet ce n’est pas juste une séance photo avec un cavalier et une belle tenue à la plage. Je lis partout sur les réseaux genre insta, facebook « wais trop plein de projet cette année je vous promets vous aller adorer ». Au final le projet en question… n’est pas un projet juste un langage inadapté. Ne le prenez pas mal je vais vous expliquer pourquoi je raisonne de cette manière .Ce type de séance c’est une séance créative où vous avez une idée de base, et que vous souhaiteriez la mettre en valeur. Comprenons bien que la différence avec le projet est importante.

Beaucoup de jeunes photographes balancent à toutes les sauces « projet » comme si juste le mot les intégrait dans une dimension fantastique et incroyable qui va les rendre célèbres.. Arrêtez tout. Faire une séance à thème avec un cheval en liberté ou créer une ambiance Harry Potter avec un chien c’est une séance photo point barre.

Oui c’est créatif puisqu’on va réfléchir à sa mise en scène. Mais on va plutôt appeler ça une séance d’inspiration. Sa destination : laisser porter votre imagination, faire de la pub avec des visuels différents que les images commerciales. Bref ça reste un travail unique et non répété dans le temps. Un projet c’est un réel travail réfléchi qui va demander un temps de travail et de réalisation qui va durer.

La séance photo inspiration VS le projet photo

La séance photo d’inspiration, ou shoot d’inspiration c’est une séance unique réalisée sur une thématique qui vous est cher : fantasy, art, chien et thématique séance dramatique en forêt, chien déguisé, cheval de sport, voltige sur la plage, séance de nuit, séance photo médiévale. Un décor, une tenue, un maquillage, et des photos posées, réfléchies. Cette séance d’inspiration c’est pour créer, vous inspirer, vous changer des habitudes.

Collaborer avec des artistes ou des amis. Floral ou sombre, coloré ou noir et blanc, accessoirisé. Il suffit d’une idée, une envie brève et éphémère pour s’organiser. Simple séance au pied levée ou préparée sur plusieurs jours c’est tout sauf un projet sur long terme. Construire ensuite une série sur ce thème c’est le transformer en projet puisqu’il va s’engager sur quelque chose de plus long, défini, avec une âme.

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Bohème est une séance inspiration. réalisée sur une après midi. Sans contraintes ni obligation. Juste un fil conducteur.

Comment définir un projet photo ?

Tout d’abord je définirais le projet photographique comme une aventure. Pour débuter il faut déjà savoir sur quelle thématique travailler. Puis ensuite trouver une définition de ce que l’on souhaite. C’est une réelle réflexion, profonde sur un sujet qui va nous tenir à cœur. Ce n’est pas juste faire de jolies photos c’est bien créer quelque chose qui va vous porter et vous amener à vous dépasser.

Cause louable comme la protection des animaux, ou encore l’art équestre, ou pourquoi pas les races de chevaux sauvages ; Bref toute thématique pouvant amener à un projet qui va se construire autour de ce thème et raconter une histoire autour d’une série photo de 10, 20 voire 30 photos argumentées et avec une réelle dimension.

On va vraiment se poser au calme pour créer un ensemble photographique réfléchi.

Comment j’ai créé mon premier projet

Si je prends mon exemple j’ai voulu travailler sur le cheval de trait. Pourquoi ? Parce que c’est un cheval méconnu, déprécié et peu remarqué. Quelle est cette volonté ? Amener un regard neuf de la part du public sur le cheval lourd. Comment réussir ? J’ai d’abord essayé plusieurs variantes jusqu’à trouver la meilleure façon.

Cela a donc impliqué des recherches : qui a déjà fait quoi en photographie autour du cheval de trait, comment le cheval de trait est-il perçu au travers de la photographie ou de la peinture. Ensuite j’ai fait des recherches sur son statut actuel : population, missions, situation en France, besoins, valorisation. Ainsi j’avais entre les mains un état des lieux complet des races, et de la situation actuelle.

Grâce à ces informations j’ai pu définir mes envies : photographier dehors/dedans, quelles races, quelles idées retenir, de la photographie reportage ou de la mise en scène, de la liberté et du mouvement, du statique. Point après point j’ai pu lister mes besoins, et mes envies pour définir mon projet dans les grandes lignes : valoriser le cheval de trait au travers d’une photographie artistique car très peu abordée ou de façon limitée. Pas d’approche  documentaire car vu et revue, pas de photos dites reportages car trop commune.

Ensuite est venue l’idée des lieux d’accueil pour cette séance : pré, écurie, foret, montagne, plage etc. Pour conserver une cohérence il me fallait un fil conducteur. L’idée du  lieu en intérieur est venue pour le côté graphique, et architectural, atypique. Mais la dimension cheval de trait imposait donc des limitations. Ajoutons les problèmes de place disponible (recul, décor etc) et le problème d’éclairage, de sécurité, de résistance. Travaillant au flash c’était pour moi l’occasion d’avoir ma signature spécifique sur ce projet.

Toutes ces recherches m’ont permis de définir ce que je voulais faire, comment je voulais le faire et pourquoi je voulais le faire. Puis ensuite j’ai eu besoin de cibler quelque chose au sein de ce projet pour encadrer son histoire. Le cheval de trait en général c’est trop vaste et trop généraliste. J’ai donc arrêté mes choix sur un sujet local : le Trait Poitevin. Ce dernier était alors un sujet très pertinent : baisse drastique des naissances, race locale, histoire récente, spécificités particulières.

Je me suis alors penché sur son histoire, sur son présent et intéressé au futur. Il y avait alors une réelle démarche culturelle certes, artistique mais aussi d’éclairage pour intéresser le monde sur cette race de chevaux en voie de quais disparition. Donc au final j’ajoutais une dimension de sauvegarde d’un patrimoine.

Ces éléments ont donc fini par m’amener à pouvoir rédiger un projet rédactionnel autour du cheval de Trait Poitevin : qui est-il, comment la race est née, quel son statut actuel, qui sont les éleveurs. Pourquoi m’intéresser à lui, comment le rendre « unique » au travers de mes photos, et quels lieux retenir ? Le choix du patrimoine du Poitou Charente était devenu une évidence. Restait à construire les images qui assembleraient la série photo finale.

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Trait de Calcaire, premier chapitre du projet « La Force tranquille », séance réalisée au Mégarama de Garat (16)

Votre projet photographique doit avoir une histoire, un sens

Un projet vous l’avez compris ce n’est pas juste un shooting d’inspiration. C’est un réel travail de fond. Il faut le construire, le définir. Il doit avoir une âme profonde, un sens qui parlera à un maximum de personnes. Et surtout il doit avoir une chronologie, un cahier des charges et un calendrier. Quel est son objectif, quelle sera sa finalité. Comment vous allez définir la série photographique issue de ces idées.

Un projet photo à mes yeux c’est imprégner de votre personnalité un travail profond, spirituel mais aussi technique. C’est créer une série de photos qui vont raconter une histoire, ou apporter un sens à quelque chose. Illustrer une thématique. Une séance d’inspiration ne raconte pas forcément grand-chose de plus qu’un moment éphémère, il est avant tout plus à vocation esthétique. Un projet photo c’est l’inverse : à la fin il aura une âme bien à lui et il fera partie intégrante de vous.

Construisez, réfléchissez, rédigez, ratez et recommencez. Un projet ne se fait pas en une minute sur un coin de table mais après  des temps de réflexion et de maturation. La Force Tranquille est née d’essais, d’idées mises ensemble, rebattues mélangées avec toujours un lien entre chaque chose : le cheval de trait. Il est mon fil conducteur. Le reste a évolué autour de lui jusqu’à trouver LE concept, ma vision, mes envies et la motivation qui m’amènerait à le créer.

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S’inspirer, chercher, trouver et donner un sens à son projet – trait de Vigne est el chapitre dédié au cheval vigneron – Avec Cheval des Vignes dans le cuvier du Château Beauregard

Créez votre histoire, votre idée et sans trop plagier

Mon conseil même si mon expérience n’est pas aussi avancée que de grands photographes c’est de créer essayer, penser, réfléchir à quelque chose qui va vous impliquer et vous nourrir. Le projet photo c’est aussi progresser et prendre de l’assurance. C’est douter aussi mais pour mieux avancer. Ne croyez pas que je suis en totale confiance chaque séance. Je doute, j’hésite, je bloque, je  me pose sans cesse mille et une questions.

Mais le tout me fait grandir, bien plus que lors de mes séances inspirations. Un projet m’oblige à me canaliser, ne pas me disperser et m‘organiser. La finalité je ne la connais pas. Je m’attends plus à un flop qu’à une réussite. Par contre je vois ce que ça m’apporte sur le plan personnel, technique, humain et c’est réellement enrichissant. Un dépassement de moi qui m’a apporté une expérience très riche. La série photo qui en ressortira sera soit adulée soit négligée mais m’aura énormément apporté.

A vous ensuite de trouver votre idée. Essayer de trouver quelque chose qui n’ a pas été fait ou du moins ne pas plagier. On peut copier sans plagier et s ‘en inspirer. Pensez alors à inclure vos références, vos maitres à penser. Tout n’est pas encore fait en photo mais même si ça existe vous allez forcement le faire différemment.

Alors à vos carnets, vos idées, vos croquis de chevaux dessinés version bonhomme bâton. Créez, inspirez-vous, essayez, et testez, amusez-vous. Dépassez-vous.

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