Au cours de cet article je vais essayer de faire comprendre la notion de valeur à destination du photographe pas cher, qui débute et s’imagine que c’est normal de commencer avec des tarifs très bas… Et bien je vais vous révéler que c’est une erreur des plus grossières. Surtout aujourd’hui où chacun se lance dans l’aventure professionnelle sans trop réfléchir pardon se former au marketing et/ou à la gestion d ‘entreprise.
- En effet la photographie ne consiste pas juste à presser un bouton.
- En effet il ne suffit pas d’avoir un appareil qui fait de belles photos.
- En effet Photoshop ne fera de vos images des photos incroyables.
Derrière une photo se cache un savoir, des compétences. Mais malgré ça le photographe qui débute pense bien trop souvent qu’il doit proposer des tarifs « pas cher » car il manque d’expérience. Il se plante et en beauté. Explications.
Un photographe professionnel qui débute reste un professionnel
Dans tous les cas de figure quelle que soit la spécialité ou le lieu d’installation il faut se rentrer quelque chose dans la tête : une entreprise aussi petite soit elle a des coûts. On en en a déjà parlé sur cet article.
Quand je dis qu’une entreprise coûte de l’argent même avec statut de miro entrepreneur je ne plaisante pas. Certes la micro entreprise, forme majoritairement utilisée à tour de bras par de jeunes photographes qui après 3 mois de pratique s’imaginent pouvoir se lancer dans une aventure entrepreneuriale car « c’est ma passion », n’impliquerait de payer que quand on facture. Ben non en fait…
Non car pour être tranquille il faut par exemple et en vrac :
- S’assurer ! Même si la responsabilité civile professionnelle n’est pas obligatoire, ce serait suicidaire de ne pas souscrire un contrat.
- Vous allez bosser avec des particuliers ? Il faut souscrire à un service de médiation
- Et il va falloir acheter de l’informatique en plus pour la sauvegarde et l’archivage des fichiers clients.
- Et il va falloir créer son site web et l’héberger
- Et il va falloir créer sa publicité : flyers et cartes de visites
- Et il serait intéressant de se former (marketing/gestion/renforcement dans les techniques photos)
- Et il faut avoir une trésorerie de départ pour vivre
- Et j’en passe et des meilleures.
Conclusion : créer une entreprise demande dès le départ des dépenses et investissements avant même d’avoir facturé son premier client et ce, même en micro entreprise.
Un photographe professionnel même qui débute, à quand même des compétences
La notion du « je débute » n’est pas toujours très bien comprise par beaucoup. On va trouver deux schémas :
Le photographe qui débute autant en photo qu’en entreprenariat. Lui il a 2 mois de pratique photo et viens de s’immatriculer en deux clics sur guichetentreprise et crie haut et fort « je suis pro ». Lui il n’a rien compris à rien. Non seulement il n’aucune idée de ce que représente la gestion d’une entreprise même basique comme la micro entreprise mais pire encore son travail photographique est digne d’une création d’enfant de maternelle.
Et ne lui dites pas que sa production d’image est débutante il vous affirmera le contraire. Rappel : faire de la photo depuis x années ne fait pas de vous forcément un photographe compétent. A moins d’être un excellent commercial ce profil va droit au casse-pipe et dans 1 an il aura disparu de la surface de la terre. Je suis dur mais c’est un état grossier de ce qui se fait aujourd’hui.
Le photographe qui a un peu plus de pratique mais ne s’est pas intéressé plus que ça (ou pas du tout) à la gestion d’entreprise. Lui c’est le profil typique. Il est encore en phase d’apprentissage photographique et ne se sent pas encore assez sûr de lui quant à la maturité de ses compétences de photographe. Il sait faire de la photo mais il y a un gros manque de confiance. Et ce manque de confiance est en partie dû au manque de connaissances : gérer un client, faire une facture, un devis, évaluer sa grille tarifaire. Le tout bien mélangé c’est très anxiogène.
Malgré tout il a quand même des compétences ! Et c’est ça qui a une valeur. Même si les compétences évoluent en maitrise au fil du temps ce sont des compétences tout de même. Donc elles ont une valeur.
Le problème du photographe « je suis pas cher car je débute »
Ce profil du fameux photographe un peu expérimenté mais sans réelles notions de gestion d’entreprise ou de marketing il a un énorme problème : il pense que vu qu’il débute il faut pratiquer des tarifs de base très (trop) attractifs. Il a regardé ce que font les autres photographes en terme de tarifs et il n’a pas fait de calcul de rentabilité. Il est persuadé que vu qu’il n’est pas encore expérimenté il doit rester avec des tarifs à ras des pâquerettes. Bref il s’auto persuade du bien fondé de ses choix.
Ces tarifs vont être bas voire trop bas. Comme il débute (dans son activité commerciale) le photographe en question va passer en règle générale 2 à 3 fois plus de temps par séance : manque d’expérience en relation client, envie de bien faire, workflow encore non optimisé et j’en passe. C’est NORMAL. Au départ nos premières séances clients on a tendance à s’éparpiller, et à perdre du temps de partout. Cela viendra avec le temps et l’expérience. Mais au final un tarif bas ça ne va pas faciliter les choses en terme de rentabilité.
Débuter en photographie commerciale avec des tarifs non rentables
Quand la photographie devient une activité commerciale un mot d’ordre : être rentable ! Si vous enlevez les charges sur chaque prestation. Si vous enlevez les coûts de fonctionnement, les impôts, le carburant et j’en passe il va rester quoi ?
La classique séance à 50 balles est un parfait exemple : « photos illimitées, retouchées ». Wais ben non. Déjà 50 euros à la fin il ne reste pas grand-chose. Passé le temps de contact avec le client, le temps de séance, le temps de post production il ne reste que quelques euros. Encore pire la notion de photos illimitées et retouchées ajoute un temps de travail en post production juste incroyable. Donc on calcule le tarif de la séance – charges – dépenses de fonctionnement / temps passé. Il reste ?
50 euros – 25% de charges = 37.5€. En passant allez 4 heures de séance + post production : 37.5/4 = 9.37€/heure. Et je n’ai pas enlevé les charges de fonctionnement oupssssssss……
Alors toujours envie de faire des tarifs bas ?
Apprenez à calculer la rentabilité de vos offres en ramenant la finalité au taux horaire après avoir enlevé toutes les charges possibles. A partir de là vous saurez ce qu’il vous restera,
Le photographe qui espère monter ses tarifs plus tard
« Je débute en photo donc ce n’est pas cher. Je verrais plus tard pour monter ». Joli piège. Débuter avec des tarifs planchers c’est ensuite ramer pour les remonter.
Normal le client qui vient en séance et paye X euros et que 1 an après il revient, vous lui expliquez que désormais la séance a pris 200% d’augmentation et que désormais c’est XX € il va faire demi-tour et ne pas comprendre. Passer de 50€ à 200€ et de photos illimitées retouchées et 1 tirage A3 à 10 photos retouchées et le reste en supplément oups…
Inversement pour ne pas lui faire peur vous allez ajouter 5-10% par an timidement. Si vous commencez avec des prestations à 40 balles calculez combien d‘années seront nécessaire pour atteindre le VRAI tarif rentable de votre prestation. Mais d’ici là vous aurez mis la clé sous la porte.
Une entreprise est considéré comme viable passée 3/5 ans….
Vous avez compris : la stratégie du « je débute apacher », ou du « je monterais mes prix au fur et à mesure » est un piège.
Valorisez votre travail de photographe professionnel
Vous êtes un artisan déclaré, vous payez vos charges et avez des dépenses de fonctionnement. Vous devez donc dégager une rentabilité sous peine de couler votre entreprise rapidement et de perdre plus d’argent que vous allez en gagner. Peu importe votre niveau de maitrise en photo : si vous créez votre entreprise vous êtes entrepreneur DONC vous devez établir des tarifs qui permettront de vivre de cette entreprise.
La qualité de votre travail n’est pas forcément un gage de réussite unique même s’il aura du poids. C’est la qualité de votre compétence commerciale qui fera souvent d’abord la différence. Tout dépendra de la clientèle que vous visez et de votre activité. Tout se réfléchit. Formez-vous au moins aux bases du marketing pour être à l’aise dès le départ.
Vous ne connaissez rien en gestion d’entreprise ? Ne vous immatriculez pas comme ça : documentez-vous, formez-vous. Il existe des aides, des associations, des organismes qui aident les jeunes entrepreneurs à monter leur projet rapprochez-vous d’eux : couveuse d’entreprise, chambre des métiers etc. Vous lancer en trois clics c’est prendre des risques inutiles et se retrouver avec des ennuis plus tard et des questions qu’on retrouve par paquet de douze sur les réseaux.
Vous ne vous sentez pas encore crédible dans votre pratique photo ? Formez-vous. Pas de moyens pour vous former ? Pratiquez encore et encore jusqu’à atteindre un niveau de maitrise qui saura vous mettre en confiance. Et être en confiance quand on fait sa première séance commerciale réduit le stress et facilite grandement les choses. Mais ne vous lancez pas tant que vous n’êtes pas sûr de vous.
La photographie professionnelle : les tarifs trop bas c’est le mal
Vous l’avez compris les tarifs trop bas avec l’excuse « je débute » c’est de la bêtise en barre. Si on vous le dit c’est qu’on a à un moment donné fait l’erreur aussi.
Attention : afficher des tarifs bas et les assumer pour une stratégie commerciale réfléchie ce n’est pas la même chose. D’un côté il y a celui qui ne se pense pas compétent, de l’autre le stratège marketing qui va viser une clientèle ou des offres. Le second rentrera dans ses frais voire même dégagera du profit. Le premier va ramer sévère et finira par stopper son activité par manque de rentabilité.
La formation auprès de professionnels ou d’organismes spécialisés dans l’accompagnement des entrepreneurs est importante pour obtenir de la légitimité et pouvoir créer ses grilles tarifaires non pas juste en se basant sur ses compétences photos mais avant tout et surtout en partant de la base de la rentabilité. La compétence photo elle apportera une plus-value monétaire à ce chiffre.
Alors désormais prenez le temps de réfléchir et de vous former. Franchissez l’étape de l’entreprenariat en devenant un photographe professionnel serein et en confiance. Devenir chef d’entreprise reste toujours une aventure difficile au départ, s’affranchir donc de certains sujets anxieux dès le départ vous permettra de débuter l’aventure sereinement.
