R.E.F..U.G.E la série photographique en immersion dans le refuge pour animaux : SPA de Mornac (16)
Et voilà un nouveau projet s’achève avec R.E.F.U.G.E. Cette fois ci on sort des classiques, on sort des projets esthétiques, léchés. Je me suis mis dans le mode reportage et témoignage. Ce qui est assez dingue c’est qu’à la base j’ai tenté, en vain, de réaliser un projet bien dans mes cordes et mes habitudes avec « Des barreaux aux châteaux ». Ce projet initial avait pour intention de casser les codes de la communication autour de l’abandon, de l’adoption des animaux de compagnie.
Mais en Charente, les institutions publiques et privées démarchés m’ont laissé face à un mur de silence et de non réponse. Sauf le Musée d’Angoulême qui fut le seul à me répondre et positivement de surcroit. Résultat : mise en sommeil de ce travail. Mais comme je suis du genre à aller au bout j’ai changé mon fusil d’épaule.
J’ai donc fini par m’immerger dans le cœur du refuge de l’angoumois. Comprendre et apprendre les coulisses d’un lieu d’accueil pour animaux de compagnie abandonnés, maltraités. Je n’aurais pas dû : j’ai pris une méchante claque à me faire faire 10 tour dans mon caleçon sans toucher les bord car la violence émotionnelle a été de rigueur.
Le refuge et le photographe : un nouveau départ vers l’image
Tout a commencé par une rencontre au Festival du bien être animalier à Blanzaguet. J’exposais mon travail photo et il se trouvait un stand du refuge de l’Angoumois. De beau matin avec un soleil éclatant je vais à leur rencontre. Il y avait Jazz, ce toutou adorable, catégorisé. Gentil comme pas deux et en quête d’une famille d’adoption. De fil en aiguille on discute et on se fait une séance photo pour Jazz.
Je comptais bien valoriser ce toutou si mignon pour qu’il ait plus de chance de se faire adopter. Puis enchaîne une visite au refuge, des idées, une démarche et je me retrouve à m’engager avec eux pour produire de l’image, produire des photos pour aider à adopter, refaire un site web.
Photographier le refuge de l’Angoumois pour témoigner
Mais je n’ai pas voulu me contenter de faire des images « juste » pour les annonces. J’ai voulu aller plus loin et comprendre l’envers du décor. Je suis donc venu quelques journées entières, des matinées, après-midi à suivre et accompagner les agents du refuge, les bénévoles. J’ai suivi chacun.
Spectateur passif dans leurs quotidiens. J’ai posé des questions, appris. J’ai vu des animaux de toutes origines, avec des passés tumultueux avec des histoires dramatiques au possible. J’en ai pris plein la tronche. Les récits et les témoignages des agents m’ont ouvert les yeux face à une réalité dure, parfois sordide. Mais j’ai aussi découvert de belles histoires, des animaux sauvés, des rencontres avec des humains passionnés prêt à tout donner pour les chiens et els chats abandonnés.
Les refuges SPA : survivre plus que vivre
On découvre que le refuge c’est une vie au jour le jour. Les finances ne sont pas extensibles. Elles sont même en permanence au bord du gouffre, tutoyant les précipices et toujours sauvées par la générosité des donateurs et des soutiens. Grâce à eux les animaux mangent, sont soignés. Mais la lutte reste rude. Le côté institutionnel est pesant avec des lois complexes, archaïques, inadaptées. Qui de mieux que les agents pour m’en expliquer les rouages et les mécanismes d’un système qui n’est pas du tout adapté.
Les « sachant » et les « croyant » sont légions mais aucun n’est venu se pencher vraiment sur la chose. Il en résulte des textes trop laxistes en matière de répression des abandons et de le maltraitance, mais à contrario bien trop sévères envers les animaux parfois catégorisés juste parce qu’ils sont rangés par des tableaux de données. Le tout sans références scientifiques impartiale et réfléchies. Un toutou se retrouve alors classé dangereux juste à cause de ses origines. Il n’a rien demandé, rien fait et pourtant…
Photographier les animaux en refuge : une aventure éreintante et violente
Réaliser ces photos demande une capacité à conserver sang-froid et détachement. Car il faut être en capacité de voir tout et tout le temps. Les chiens, les chats sont en box. Certains sont stressés souvent, agacés, bourrés d’une énergie qui ne peut être dépensée en permanence.
Certains n’ont jamais connu l’enfermement et le vivent mal. D’autres dépérissent malgré les soins. Des comportement agressifs dû à la bêtise humain à qui il faut apprendre à retrouver confiance en l’humain. Il faut être en permanence attentif et voir au-delà. Cadrer, viser, mettre au point. Le tout au travers des grilles et des mailles de grillage.
Photographier au travers des barreaux
La complexité technique est énorme : contrastes de lumières et d’ombres durs et violent, barreaux qui font chasser ma mise au point en permanence et entrainent nombre de photos ratées. Des animaux qui vont et viennent de dehors à dedans obligeant à suivre leur déplacement. Quand à d’autres ils posent devant moi en me regardant implorant. Il faut alors résister à ces regards larmoyant. Mon cœur a fait plus d’un tour à chaque passage au refuge. J’ai vu, j’ai pris, j’ai dû digérer et assumer. Les soigneurs ont raison : le plus dur c’est de les laisser les animaux derrière nous quand on rentre à la maison.
La créativité n’a pas eu vraiment sa place du moins, je l’ai mise un peu de côté. Il y avait trop de paramètres, trop de difficultés. Il faut à la fois ne pas gêner, à la fois shooter proprement avant que l’action voulue ne disparaisse. C’est aussi interroger au fil des choses, des gestes, des interventions. Suivre les agents, se promener au milieu des boxes et observer ces animaux. Il est futile de croire qu’on peut rester un observateur invisible.
Les animaux : chiens et chats en attente d’une famille
Chaque déplacement entraine des concert d’aboiement. Quand on se déplace dans le refuge, les chiens c’est comme une grande cité : chaque voisin vient à la fenêtre dès qu’l entend un bruit. Alors quand je cherche à être discret pour les surprendre dans leurs moments à eux c’est peine perdue. Et quand ces messieurs dames se lancent dans une chorale on mesure à quel point ils sont nombreux à attendre une famille.
Quand on prend du recul il faut intégrer que dans cette masse il faut compter les animaux âgés, ceux qui sont catégorisés, ou encore les chiens avec des besoins spécifiques. Ajoutons les quelques autres aux besoins particuliers qui rendent l’éligibilité des adoptant plus rude et complexe.
Avec ce recul je pense que je referais pareil. J’ai tourné et retourné le problème, j’ai réalisé, refait, ressayé, repris, recommencé mes images à de multiples reprises. Car avec le temps et la connaissance de silencieux on apprend à deviner ce qui va se passer, même si il faut rester en permanence un observateur affûté. Un refuge ça vit, ça gueule, ça miaule, ça pleure. C’est un refuge d’émotions de toutes sorte qui fait saturer votre coeur .
Refuge : exposer pour témoigner et lutter contre l’abandon des animaux
J’espère qu’au travers de ces images, des ces moments figés, captés une prise de conscience pourra émerger. Je n’ai que peu d’espoir de voir cette série voir le jour. La thématique n’attire pas les sponsors. Le contenu reste peu vendeur et pailletés. Mais il avance une réalité en une actualité . Alors on continue de garder le cap et se dire que chaque petit geste : adoptant, bénévole, photographe pourra faire avancer les choses et peut être contribuer à améliorer la vie de ces animaux de compagnie. Et que chacun puisse trouver la famille dont il aura besoin.
Documentation et ressources
Si vous souhaitez approfondir, découvrir le travail réalisé vous pouvez consulter la page dédiée à ce projet
Si vous le désirez la note d’intention présentant la série R.E.F.U.G.E à télécharger
