La part des anges

Cette séance photo est hors des habitudes. Elle n’existe que par un acharnement à la réaliser, à une période de Covid qui a massacré sa réussite initiale. Un jour j’ai rencontré Mathias et Audrey pour une collaboration sur la série Maitres et Chiens. Je tombe amoureux de cette ancienne distillerie, encore dans son jus. Le décor idéal. On échange sur le projet de séance photo, et le Covid arrive mettant tout en pause.

Mais un vigneron ne peut s’arrêter et la distillerie se doit de subir sa rénovation. De décor à l’ancienne le lieu reprend sa flamboyance. On organise cette séance et je me rends compte que trop tard, du piège dans lequel je me suis engouffré. Une distillerie est un endroit tout en longueur contrecarrant les volumes du cheval et ma volonté d’intégrer décor et équidé. Le rendu des volumes est alors maltraité par mes soins. Me voilà pris à mon propre piège de vouloir intégrer décor somptueux et cheval de masse.

Mais cette séance demeure un passage, une étape dans mon travail. Le cheval de trait Poitevin conserve son élégance et sa finesse dans un décor pas comme les autres où il rayonne.

Cette séance n’est sauvée que par la grâce et la beauté des lieux et des chevaux, des cavalières présentes. Je demeure frustré et agacé de ne pas avoir su saisir et réaliser ce que je m’attendais à faire. Mais à trop montrer le parfait on oublierait que le photographe n’est pas à l’abri de ses questionnements intérieurs, de ses doutes et ses remises en questions. Non, dans cettte société où le paraitre interdit de montrer ses faiblesses, ses erreurs j’assume pleinement cette séance pour me rappeler que mes idées parfois me conduisent dans des impasses, et pourtant demeurent une création finale forte et intense.