Le cheval en studio mais comment le gérer efficacement ? Parler technique photo, réglages de flashs, modeleurs etc c’est très bien. Mais avant tout il ne faut pas oublier qu’on travaille avec des chevaux. Et le cheval n’est pas un modèle humain, patient, posé qui écoute et obéit à toutes les demandes. Il est vivant, il bouge, il a des réactions.

C’est important de se pencher sur la gestion du cheval et de prendre en compte quelques paramètres important. Bien entendu comme à mon habitude l’article ne sera pas exhaustif et se veut une base de travail générale. Je vous apporte des conseils important, que vous connaissez peut être déjà ou pas. En effet nous n’avons pas tous la même culture équestre et le savoir associé. Il est donc important à mes yeux de faire un tour de la question dans son ensemble.

studio-equestre-etrier-charentais-franck-simon-grain-de-pixel-phototgraphe-equestre-11

Cheval, studio et naturel

Il est évident que pour un cheval la photographie de studio n’est pas quelque chose de classique, de naturel. Plusieurs facteurs amènent dès le départ un possible risque de stress. Le fond souvent imposant est un élément inhabituel. Au vu de sa hauteur et de sa longueur mais aussi au possible mouvement du tissu.

Le fond a beau être tendu et fixé le nombre de mètre carré de toile déployé est susceptible de bouger. Ajoutez à cela les modificateurs de lumières, appelés communément modeleurs. Ces grandes boites blanches déployées en hauteur et qui vont permettre à la lumière du flash d’être diffusée. Ces grandes boites blanches sont souvent à elles seules un facteur important de stress.

Désensibiliser pour mieux shooter

D’où l’importance primordiale de désensibiliser le cheval en le faisant circuler autour du studio afin de le rassurer. Quelques arrêts auprès de chaque élément sont indispensables pour s’assurer qu’il puisse prendre en compte chaque élément. Prenez le temps de faire les choses. Le temps en photo est certes un facteur important en terme de planification et de rentabilité je l’entends bien, mais travailler avec des animaux qui plus est des chevaux nécessite de faire abstraction de sa montre.

Plus le cheval se sera habitué à ce nouvel environnement plus il sera détendu. Il va de soi que suivant l’âge du cheval, son état de stress et ses réactions il faudra parfois faire appel à quelqu’un de confirmé pour tenir le cheval et anticiper les réactions parfois assez violente. En effet 500kg qui se déplace de peur peuvent vite faire perdre le contrôle à celui qui n’est pas assez habitué.

studio-cheval-equites-grain-de-pixel-photographe-equestre-12

Déclencher à blanc

Pour continuer sur cette lancée je vais progressivement amener le cheval a se mettre en condition. Comme expliqué précédemment l’évolution et la découverte au milieu des éléments va permettre de préparer le cheval. Puis ensuite il va falloir soumettre le cheval au déclenchement du flash. La règle de prudence est de travailler en lien avec le cavalier.

On prévient qu’il va devoir éventuellement faire face à une réaction brutale voire une absence totale de réaction. Je déclenche à blanc, c’est dire sans nécessité de cadrer ou autre. Le but est de faire déclencher le flash et d’habituer le cheval aux éclairs. Avec de l’expérience je dois dire qu’à chaque fois le cheval réagit de façon totale, voire nulle. Et ce n’est pas forcément le peureux qui réagit fortement

studio-cheval-equites-grain-de-pixel-photographe-equestre-8

Apprendre à positionner le cheval

La première chose à faire est d’expliquer au cavalier le placement du cheval dans la zone. En effet on ne colle pas le cheval au fond, on l’écarte suffisamment. On le place idéalement suivant le setup lumière choisi et avec les réglages prédéfinis. Forcément je vais amener le cheval au plus près de la lumière réglée en principale et plus éloignée de la lumière secondaire. Pour ce faire j’explique au cavalier qu’il doit visualiser le flash principal comme la seule lumière disponible.

Il est amené à s’imaginer être dans le noir complet et que le modeleur est un lampadaire. Seul éclairage disponible. De cette façon il visualise vraiment l’importance du placement par rapport au flash. Il faudra aussi déterminer une « zone » d’évolution et une distance minimale entre le flash et le cheval. Ainsi formé le cavalier saura réagir promptement pour pousser les épaules du cheval et le recentrer au besoin.

Trouver les positions qui mettent en valeur

Le but n’est pas de travailler en mode usine. Je pense aux photographes qui proposent des poses définies et qui suivent un modèle déjà établi. Simple, rapide et efficace. Certes c’est plus rentable en termes d’efficacité. Moi je pense qu’il faut s’adapter en fonction du cheval. Il faut que les poses et postures collent à sa personnalité, ses habitudes, son envie.

On propose le cheval dispose. On prend le temps, on observe et on déclenche. Si vous appliquez un modèle défini systématiquement je trouve que ça apporte un côté stérile, un peu usine où toutes les photos se ressemblent presque. Sauf impératif et demandes du client je vous déconseille de travailler de cette façon car en plus ça va limiter votre créativité.

On fera du portrait, genre tête, tête encolure, puis on passera sur un plan d’avant main, mi-corps etc. On fera du plan entier etc. Certes vous apprendrez avec le temps à trouver des positionnements classiques mais cela ne doit pas être toujours un réflexe. Il faut composer avec le cheval et s’adapter. Essayer, chercher, changer d’angle. Tourner autour du cheval pour innover et tester. Si la sauce ne prend pas on jettera l’image et c’est tout. Mais essayer ça veut dire apprendre à se tromper pour affiner la prochaine fois. C’est important de se tromper. Mais parfois essayer veut dire aussi découvrir des angles intéressant, surtout si on change l’angle des lumières.

thooz-des-dieux-studio-équestre-grain-de-pixel-photographe-equestre-animalier-1

Se faire assister

La chose primordiale sur une séance studio c’est d’avoir un cheval expressif, qui soit à l’écoute. Quand je dis écoute c’est visuellement : les oreilles pointées, l’expression du « j’ai entendu un bruit maman, chui sûr que c’est le seau de granulés ». Ils sont beaux, la tête bien relevé, les oreilles en avant, l’œil bien vif. Mais pour ça il faut de l’aide car naturellement au bout d’un moment le cheval va prendre sa tête du « RAF » ou Rien A Foutre. Donc on va faire appel au PACM.

studio-équestre-moulin-du-got-grain-de-pixel-photographe-equestre-animalier-4

Le PACM

Qu’est ce que le PACM. Vous avez dû vous rendre compte que j’aime les acronymes à deux balles genre RTFM (Read The Fucking Manual) ou encore RAB (Rien A…). Cet acronyme veut dire Petit Assistant Corvéable à Merci. Ce petit assistant vous le recruterez sur place. Une amie, un ami, du ou des cavaliers, quelqu’un de passage bref à vous de juger. Son job ? Faire le clown pour sieur cheval bien entendu. Le PACM acteur indispensable dans l’activité du photographe équin aura d’autres rôles sur d’autres types de séances mais pour le moment on va se concentrer sur le studio.

On parlait de capter l’attention. C’est là tout le but de l’assistant : sortir seau et granulés, sac plastique, utiliser le fameux et célébrissime cochon du photographe (promis je ferais un article dessus).

Faire du bruit, sauter, gratter, innover. Le but est vraiment que le cheval soit intéressé, curieux pour l’amener à prendre une ou des expressions vraiment intéressantes. De cette façon vous pouvez vous concentrez sur la composition, le cadrage et capturer ces moments très court où l’expression du cheval est juste magique.

Les aplombs

On parlait expression et captation de moments mais il faut aussi penser cavalier. Pour penser cavalier on va penser technique. Et quand on présente un cheval en main une chose est absolument impensable : ne pas surveiller les aplombs et le positionnement. Un cheval tordu qui se tient mal et c’est la faute professionnelle assurée. Bon peut être pas mais à mes yeux c’est un manque total de sérieux qui peut impacter la suite de votre travail.

Vous êtes photographe professionnel donc vous vous devez d’être aussi un spécialiste du cheval. Qui dit spécialiste dit attention particulière quand à la posture. Un postérieur mal placé ou un antérieur et vous pouvez dire que la photo parfaite est gâchée. Si vous souhaitez démontrer à vos futurs clients pros voire particulier que vous êtes un vrai spécialiste de l’équestre il faut être capable de le démontrer par ce biais.

Il vaut mieux un expression moyenne et une belle présentation en main qu’un cheval positionné de travers. C’est radical le cavalier est quelqu’un qui voit ce genre de choses de suite même si la photo est superbe. Donc malgré la concentration et le reste pensez à faire replacer le cheval pour rééquilibrer les aplombs.

studio-equestre-etrier-charentais-franck-simon-grain-de-pixel-phototgraphe-equestre-11

Le pansage, les cuirs

Et là vous faites une jolie photo, cadrée, expression top etc. Vous rentrez et vous regardez bien : cuir crasseux, des brins de paille dans la crinière et ô drame que vous n’aviez pas vu l’intérieur des postérieurs est encore boueux. Photoshop ? Non non non. Oui pour cette fois non pour la prochaine. Photoshop n’est pas la solution à tout et c’est plus ou moins destructeur suivant le problème à régler. Donc inspection du cheval avant de commencer la séance.

On regarde tout : passant ? Check ils ont mis rien ne se promène. Mors ? Lavé il n’est pas vert aux commissures et bourré de plaques noires, crinière : check elle est nickel tout comme la queue. Membres et corps ? La poussière est bien cachée, pas de plaque humide ni tâches jaunâtres trop handicapantes. Les pieds ? ok pas de boue séchée. Le graissage est utile seulement si shoot sur sol béton ou lisse, l’impact sur sol copeau ou sable est franchement pas important car souvent le sable colle à la graisse.

Pour conclure sur la gestion du cheval en studio photo

Pour conclure je vous dirais juste : prenez le temps, ratez, loupez testez. Les conseils donnés vous en oublierez les trois quart car trop pressés d’essayer plein de choses. Mais c’est normal. Après la découverte viendra l’envie de progresser et d’évoluer. Et vous trouverez une application à mes conseils. Vous aurez peut être voire sûrement des façons de travailler différentes. Chacun évolue dans son travail de photographe.

On retrouve toujours des bases communes mais chacun a son truc, sa façon de faire et le plus important reste de partager ses connaissances et de ne pas garder pour soi. Partager le savoir est un excellente chose en soi. Certains penseront qu’il est tendance de monnayer ce savoir moi je suis mitigé sur ce point. Mais c’est un autre débat. En attendant, faites des essais, critiquez vous, corrigez vos erreurs et progressez.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.