La collaboration c’est l’outil ultime du photographe, mais parfois aussi un terme très mal utilisé. Parfois à tort, parfois par méconnaissance. Mais avant tout pour définir une collaboration et trouver le modèle qui va correspondre encore faut-il savoir-faire sa recherche correctement. Je vais comme d’habitude non pas vous donner des solutions toutes faites mais des pistes pour vous aider à trouver mieux.

Au fait c’est quoi une collaboration en photo ?

J’en avais déjà parlé sur un article précédent , la collaboration je la définis comme un échange de bons procédés entre un photographe professionnel ou amateur et un modèle ainsi que des professions/passionnés gravitant dans la sphère photographiques comme les maquilleurs, les stylistes, les coiffeurs. La collaboration permet donc de travailler sur des projets personnels, à vocation créative et non commerciale.

Des projets que l’on réalise pour soi mais qui restent à l’initiative du photographe. Ce dernier propose, définit le cadre et le thème et à chaque partie d’accepter ou non. Je parle bien de collaboration et j’insiste lourdement sur le fait que c’est bien LE PHOTOGRAPHE qui décide et non le modèle qui propose (oui ce cas de figure le modèle ne peut pas avoir une séance gratuite..).

Dans le cadre d’une commande commerciale on va rémunérer le modèle (professionnel bien entendu), les acteurs qui graviteront autour (maquilleurs, coiffeurs, stylistes etc). Car la finalité des images sera de devenir un produit destiné à être exploité commercialement par vous, une entreprise qui vous aura commandé des visuels précis.

Donc la collaboration doit rester dans un travail créatif et équilibré.

Collaborer en photo c’est avant tout définir un projet

Avant de vous lancer vite vite dans la recherche de modèle il faut d’abord définir pourquoi. Très souvent c’est juste un photographe amateur qui veut s’exercer au portrait à ses débuts mais sans réelle idée en tête. Il veut juste faire des photos. Normal on a tous débuté on veut progresser, tester plein de choses mais on n’a pas forcément envie de se casser la tête avec une idée bien définie. Donc on ne va pas aborder ce point. Trouver des modèles pour « prendre des photos » rien de compliqué. Les réseaux regorgent de solutions.

Mais lorsqu’on définit le mot collaboration il faut aussi lui redonner ses lettres de noblesse et rappeler qu’à la base c’est un projet créatif défini : une idée, un cadre défini, un résultat attendu. A chacun donc de mettre d’abord les choses sur le papier. Une collaboration n’est pas forcément un projet sur la durée, ça peut être aussi épisodique comme unique. C’est votre projet personnel qui va définir la chose. Donc avoir un support sur lequel vous allez définir ce que vous voulez réaliser, pourquoi et quel en sera la finalité : exposition, portfolio, cause à défendre, projet ludique etc. Les possibilités sont très larges.

Ce projet défini pourra vous servir de base, d’argumentaire pour contacter et « séduire » vos modèles car souvent oui…. on a besoin de modèle. Dans notre cas de figure on va plus aborder l’équin et l’animalier. Ce qui inclut autant le cheval, que le chien, le chat et l’humain. A vous ensuite de choisir qui et pourquoi. C’est votre projet qui va définir ce besoins

Une fois qu’on sait de quoi et de qui on a besoin pour notre collaboration photographique

Une fois défini notre projet, qu’on a à notre disposition un argumentaire minimum avec une vision d’ensemble on est prêt pour la recherche. Et oui le projet sur le papier c’est bien mais encore faut-il trouver où le réaliser et… avec qui. Réaliser une série, une séance photo perso avec un modèle c’est d’abord se faire plaisir à soi.

On réalise cette séance pour soi pas pour du commercial. Sinon comme expliqué déjà plus haut ce n’est plus « juste »une collaboration. L’idée c’est de trouver les personnes qui vont nous correspondre : que ce soit la philosophie (certains seront plus ouvert que d’autres, ou encore plus axé sur un thème), la disponibilité. Ne choisissez jamais au hasard comme ça « parce qu’on n’a pas le choix ». Vous avez toujours le choix.

Justement pour que votre projet soit le plus abouti vous devez trouver les personnes qui correspondront au mieux à vos attentes : physique (j’entends par là non pas la beauté qui est une fausse réflexion, mais le style comme taille, couleur de cheveux, de peau etc) pour l’humain comme la morphologie, robe, races pour le cheval ou un autre animal. Sans oublier que le thème choisi correspondra ou pas à certains : sportif, fantasy, mode, nature, sauvage bref le fait de définir ses attentes va permettre de chercher des modèles très précis.

C’est là que vous entrez en jeu en définissant dans votre recherche vos critères. Soyez ferme mais laissez une ouverture. Ne ratissez pas trop large mais ne vous fermez pas totalement. La recherche est la partie la plus difficile car suivant la pression que l’on se met on est plus ou moins exigeant voire pas assez. C’est le cas quand on se lance dans ce type de projet. L’expérience apportera les éléments utiles avec le temps.

Rechercher son modèle ou comment filtrer correctement

La première chose à penser quand on cherche modèle c’est soit :

  • De démarcher directement quelqu’un
  • Activer son réseau
  • Faire une recherche globale
  • IMPORTANT : dans toutes les recherches autres que démarches directes de votre part envers un modèle il vous faudra recentrer toujours les choses. Vous aurez beaucoup de démarchages de personnes qui auront eu vent de votre recherche, aperçu un post sur les réseau ou entendu que… Soyons franc et sans filtre beaucoup seront attirés par la perspective d’avoir des photos à titre gracieux. Donc cadrez votre recherche et sachez dire NON. Mettez les formes mais soyez intransigeant. La collaboration n’est pas une séance gratuite qu’on se le dise…

Le démarchage direct

Deux cas de figures possible. Le premier c’est le modèle expérimenté. C’est à vous de réussir à le ou la séduire avec votre projet. En général ils ou elles ont pas mal de demandes et un large choix, un portfolio souvent solide. C’est un confort pour eux certes mais l’expérience qu’ils vont apporter est très utile : gain de temps, de compréhension des consignes, des attentes du photographe, des contraintes techniques. Pour les photographes équins ou animaliers je vais faire la comparaison avec des artistes équestres par exemple souvent sollicités et qui savent ce que vous attendez. C’est votre portfolio qui peut faire la différence.

Le second cas de figure est le plus complexe puisqu’on va partir à l’aventure. Déjà il va falloir chercher, localiser et… réussir à passer le cap de la présentation : le premier contact. A vous de soigner les choses pour ne pas vous prendre un vent ou être maladroit dans votre démarche. Peut-être cela semble-t-il simple mais je trouve que ça peut vite être compliqué si on n’utilise pas les formes. Après c’est une question de disponibilité, de découverte et d’échanges.

Le réseau, le carnet d’adresse

Parfois on ne connait ni ne trouve personne on va donc « réseauter ». Comprendre par-là activer son réseau de contact en vue de trouver la perle rare. Entre les modèles avec qui on a déjà travaillé, confrères et consœurs photographes, amis, famille, collègues la liste peut vite s’allonger. Mais avec des recommandations solides on peut vite trouver la perle. Attention encore à la foule de réponses inadaptées.

Rechercher ses candidats sur les réseaux

Alors là attention car il faut vraiment être très discipliné. Votre cahier des charges va être très utile sur cet axe. Une recherche large sur les réseaux inclue de faire une annonce claire, concise, précise et pas trop longue. Trois quart des répondant ne vont pas lire le contenu et juste linker leurs potes, une autre partie vous diront moi je peux mais ne sauront pas pourquoi ils répondent, les poneys fans vous proposeront leurs boules de poils qu’ils ont en trois quart pension, certains vont y voir une séance gratosse, et dans le lot il y a les sérieux mais vous ne le savez pas encore bref ça va être tartiné. Il va donc falloir trier.

  • Premier conseil : modèle mineur ? Assurez-vous que les deux parents soit d’accord et que la sécurité de la séance soit assurée (modèle, cheval etc).
  • Deuxième conseil : répondez à tout le monde. Pour les pros c’est recommandé. Un candidat sera peut-être un potentiel client. Donc lui répondre fait partie de cette démarche qualité. Même si le projet ne retient pas le candidat il fera peut être appel à vous et à vos services un jour.
  • Troisième conseil : si vous avez des doutes sur le candidat ou autre demandez des photos et plus de détails sur sa maitrise, capacités, expérience.
  • Quatrième conseil : prenez votre temps. Rien ne presse. La réponse à l’instant même n’est pas une obligation. Prenez le temps de vous manifester pour préciser que vous avez vu le message et que vous aller y donner suite.

Une fois un pré tri effectué posez-vous au calme. Définissez les profils les plus à même de correspondre. N’hésitez pas à demander plus d’informations. Si les modèles rechignent c’est pas la peine passez à autre chose. Un modèle motivé c’est un modèle qui répond à vos demandes. Bosser ensemble veut dire apprendre à se connaitre et se comprendre.

Ne vous rendez pas malade parce que vous avez refusé untel ou untel. Les choses étant amenés clairement dès le départ vous n’avez pas de regrets à avoir. Qui sait sur de futurs projets peut être qu’ils vous seront utiles.

La collaboration c’est définir un cadre d’échange strict et clair pour tous

Pour une collaboration réussie il faut un projet et des modèles, voire des éléments comme le styliste, coiffeur etc. Mais avant tout il faut un cadre défini en matière de diffusion des photographies et de l’organisation. Certes c’est un échange, un moment de convivialité de partage. Mais quand les ennuis arrivent on oublie vite qu’on s’est amusé et ça peut vite tourner au cauchemar. D’où l’importance de faire un contrat. Ce contrat va comprendre

  • Le cadre de diffusion des photographies pour chaque partie : diffusion limitée ou non, supports autorisés, usage commercial ou non/communication/personnel/réseaux, durée d’utilisation etc, rémunération prévue en cas de vente d’œuvres etc.
  • La propriété intellectuelle : le classique « ne pas recadrer, couper, retoucher, filtrer les images ». Mais aussi le crédit d’auteur qui est juste obligatoire et pas une option. C’est la loi. La mention du reste de l’équipe ayant participé à la réalisation du projet, les liens vers leurs travaux ou services.
  • L’autorisation de diffusion des images par le modèle présent sur les photographies. S’il est mineur une autorisation signée des DEUX parents ou du représentant légal. ATTENTION ! Les deux parents c’est indispensable.
  • Suivant le type de shoot la mention des assurances respectives de chacun au cas où…
  • Des petites précisons sur la livraison des photos : quand, combien peut être importante pour éviter tous litiges futurs avec chaque partie. Les « oui je veux toutes les photos même les ratées » ça existe régulièrement et n’a pas lieu d’exister. Donc attention ! On cadre.

Un pote n’exclut pas la présence d’un contrat avec le photographe

Vous allez me dire c’est un, un pote ça va bien se passer on n’a pas besoin de ça. Mais bien sûr… Jusqu’au jour où ça va vous péter à la tronche. Donc un contrat n’est pas une offense à l’amitié il est juste un moyen de définir un cadre dans le cas où. C’est juste une protection pour l’ENSEMBLE des acteurs de la collaboration. Ceci permet d’éviter un usage malhonnête ou maladroit des photos par qui que ce soit.

Soyez acteur de votre collaboration photo

Comme vous l’avez vu faire un shoot rapide pour le fun c’est faisable pour « prendre des photos ». Mais la collaboration, « faire des photos » c’est avant tout un projet défini. Et ce projet va permettre de faire les choses correctement et mettre les chances de votre côté pour que le résultat soit vraiment à la hauteur. On ne sera plus dans le cadre de « j’ai une heure devant moi qui est dispo ? » mais plus dans « j’ai un projet bien défini, je sais ce que je veux exactement, merci de ne répondre que si vous correspondez à mes critères ». Le photographe impose et c’est le principe de la collaboration.

Dans le cadre où le modèle vous dira : je veux ça ou je veux ça, la réponse est claire : ce n’est plus une collaboration mais bien une commande, donc de ce fait une prestation commerciale. Ce que le client veut le photographe est payé pour faire. Bon petit bémol pour des idées issues de modèles, ou autres personnes qui pourraient très bien vous inspirer et vous donner envie de donner suite. Ne soyons pas non plus trop fermé mais ne pas en faire non plus une généralité.

Des pistes pour des collaborations riches en échange

J’espère que cet article vous aura apporté quelque pistes, j’espère ne pas avoir été trop incisif mais sachez que la finalité c’est que l’ensemble des partis passe un moment d’échange et de partage chaleureux, artistique et que ce projet soit le début d’une plus grande aventure tous ensemble. Souvent ces rencontres sont le début d’une belle amitié, d’échanges futurs passionnant. J’adore faire des collaborations pour la richesse des rencontres, les découvertes, les idées de chacun qui parfois peuvent tout changer. Travailler en équipe ça vous fait grandir et avancer.

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