Trois phrases qui vont illustrer l’article qui va suivre : photographier son cheval en liberté, les clôtures de paddocks et les retouches d’arrières plans . Vous voyez où je vais en venir ? Pas besoin de chercher très loin ! Un homme ou une femme de cheval verra très vite où je veux en venir. Cet article s’adresse à tous ceux qui voudraient faire réaliser des photos de leur cheval en liberté mais aussi aux photographes équestre qui débutent ou veulent progresser dans leurs prises de vues. Comment éviter des erreurs fatales qui pourraient ruiner votre séance photo et vos clichés. On pense tous souvent après avoir vue les clôtures : la retouche fera le reste. Et bien détrompez vous…
Trouver ses arrière-plans pour sublimer les photos
Comme vous le savez pour réussir une belle photo il faut avant tout prendre soin de bien choisir son arrière-plan. En effet comme vous avez pu le constater au travers de mes images, ou encore via celles d’autres artistes photographes spécialisés dans le domaine de l’équitation les arrières plan sont souvent étudiés. Bien entendu on écartera de suite les plus grands artistes qui ont la possibilité de shooter dans des lieux juste fantastiques où le problème ne se posera pas vraiment. Quand on travaille dans des lieux classiques on va souvent devoir faire des choix drastiques. Ou pas.
Tout est une question de lieux et de possibilités offertes par l’endroit. Si le client dispose d’un endroit sympa ou peut se déplacer, le choix de l’arrière-plan est facilité par le choix du photographe qui a repéré ou connait déjà des lieux intéressant. Forêt, plage ou encore campagne verdoyante les choix sont larges et vastes de possibilités. De ce fait le travail du photographe ne sera pas mâché, il faut quand même relativiser, mais l’esthétisme des photos sera par contre facilité et le photographe pourra vraiment donner libre court à sa créativité.
Quand l’arrière-plan ne se présente pas aussi bien que l’on souhaite
Quand je suis appelé par des clients beaucoup me donnent rendez-vous dans leurs écuries, avec la recommandation de localiser un lieu adapté pour la séance. Mais quand on confronte les attentes d’un photographe à la réalité c’est parfois assez compliqué. J’avoue je suis exigeant, mais c’est pour la bonne cause. Entre certains problèmes non visible par le néophyte ou encore une végétation brûlée ou des détails que le cavalier n’a pas vu, les complications arrivent parfois.
Mais c’est normal car je ne peux demander à chaque client de raisonner comme un photographe sinon il n’aurait nullement besoin de mes services. Mais qu’importe sur place on arrive toujours à trouver des solutions et localiser l’endroit idéal même si ce n’est pas parfait. Certes parfois idéal veut dire : à défaut d’autres solutions mais un œil avisé permet de cibler rapidement les choses.
L’astuce consiste à demander au cavalier qui souhaite réaliser une séance d’envoyer des photos de repérage. A l’heure du smartphone c’est vite réalisé et facilement transmis. De cette façon on anticipe les écueils et on cible plus facilement les lieux pertinents. Ainsi le jour J on est au top !
Cheval en liberté, le problème éternel des clôtures
En parlant d’arrières plans on va aborder le sujet vers lequel je voulais avancer : le problème des clôtures. Il est une chose complexe à travailler ce sont les clôtures des prés. L’homme de cheval voit dans les clôtures un moyen de sécuriser le cheval au paddock et éviter les fuites, les échappées sauvages d’un cheval épris de liberté. Le photographe lui, les clôtures c’est LE MAL !
Oui le photographe est un idéaliste rêveur qui voudrait voir des chevaux en liberté partout, galoper la crinière au vent et poser telles des statues grecques. Aller et revenir au gré des vents devant son objectif. Elle n’est pas belle cette vie ? Donc face à ces divergences d’opinions, dont l’une est totalement utopique vous en conviendrez, que faire ? Photographier un cheval en liberté au paddock c’est top mais pour redonner cette dimension de liberté, de grand espace il faut user de retouche ou d’astuces.
Non la retouche Photoshop n’est pas la solution ultime
Non Photoshop n’est pas la solution ultime aux arrières plans affreux, encombrés ou aux vieilles clôtures affreuses ou encore aux paddocks ultra sécurisés. Non je ne critique pas le choix de réalisation des écuries mais j’englobe un vaste panel de clôtures existantes et issues de mon expérience. J’en ai vu pas mal et je peux vous assurer qu’il y a un vaste catalogue existant dans le parc équestre de France. On voit de tout : du paddock avec des clôtures aussi haute qu’un homme pour les fugueurs, les paddocks alignés par 10, les clôtures qui se croisent et s’entrecroisent, les sublimes parcs bois, les clôtures classiques en fil simples, les rubans blanc, les marrons, les fils de fer.
Bref tous ces équipements nécessitent de disparaître après la prise de vue pour sublimer le sujet. Et pour enlever ces clôtures une seule solution : soit photographier un cheval en liberté dans un endroit sans clôtures mais là c’est souvent impossible sauf cheval dressé au travail à pied etc. Et la seconde solution la plus courante : retoucher pour effacer ces clôtures.
Certes la retouche devient un passage obligatoire afin d’isoler le sujet et de rendre le contexte plus sympa qu’avec des fils. Mais la retouche est parfois trop destructive et le logiciel possède des limites. En effet malgré la complexité des algorithmes mathématiques qui animent les logiciels on ne peut pas non plus créer une œuvre à partir d’un cliché techniquement mal pensé ou trop contraint. Certes on pourra aussi penser photomontage appelé compositing.
Mais pour moi ce n’est plus de la photo c’est du graphisme.Il faut donc à ce moment se poser la question : ais je à ma disposition des endroits plus adaptés ? Ais je la possibilité de me déplacer ? Ais je bien informé le client de l’importance du choix du lieu ?
Car quand on aura bouclé la séance le retour en arrière est impossible sauf à moins de refaire la séance. Mais économiquement ce n’est pas viable déjà et surtout ça sent le manque de professionnalisme. Donc soit on dispose du lieu proposé mais on informe le client que ses photos auront forcément des défauts suites aux contraintes techniques présentes sur le terrain. Car en effet il est possible que ce dernier n’ait pas d’autres possibilités : impossibilité de se déplacer, cheval blessé, etc.
J’émets une remarque importante pour les photographes débutant : non la retouche ne sauvera jamais une photo ratée, non la retouche ne corrigera pas tous les défauts présent sur le terrain.
Travailler malgré les contraintes c’est savoir se montrer créatif
Comme envisagé certains problèmes peuvent limiter les possibilités. Dans ce cas à vous de ruser pour compenser pour mettre en valeur ces photos. une clôture peut devenir minimale si on ajuste bien ses paramètres : on travaille dans la zone la plus « clean possible, on travaille à grande ouverture. Bien choisir votre angle de vue vous démontrera qu’un changement peut drastiquement transformer la photo si vous vous positionnez différemment. Chacun adaptera sa méthode après des essais ou encore en fonction de sa maitrise. Ne voyez pas ce blocage comme un verrou à la créativité mais juste comme un obstacle à franchir.
Quand les contraintes peuvent être levées, photographier un cheval devient un plaisir
Pour ma part je commence par informer au mieux ma clientèle dans le cadre où elle souhaite faire photographier son cheval en liberté :
- Trouver un endroit où le paddock est en bordure. Donc pas de paddock derrière ou sur les côtés susceptibles de présenter des clôtures qui se chevauchent en arrière-plan et donc impossible à effacer.
- Des clôtures propres et soignées. On évitera les nœuds et autres croisement rendant le travail de nettoyage affreux et destructeur pour la photo finale.
- On organise une clôture adaptée juste pour les photos : clôturer un pré de façon temporaire ce n’est pas si long mais encore faut-il disposer de matériel et de pouvoir s’assurer que le cheval ne sera pas tenté de sauter ou traverser les fils. La sécurité doit primer sur ce type de choix. Mais dans le cas où le cheval est de nature sympa et non destructeur on peut laisser libre à toute les folies : clôturer un bout de plage, de forêt bref tout est possible et ça se démonte rapidement.
- Le top : les clôtures bois à l’Américaine. Rares car coûteuse et difficile d’entretien.
- La carrière ou rond de longe : mais encore faut-il que celle-ci possède une des longueurs ou largeur exploitable. Non pas en terme de fermeture mais d’arrière plan. Pour faire simple placez-vous milieu. Tournez sur vous même. Regardez au-delà de la lice et analysez ce que vous voyez. Si l’arrière-plan vous semble correct pour servir de fond à une photo c’est bon. Si vous apercevez clôtures, ou autres masses parasites réfléchissez si elles nuiront ou non.
- Le manège : le manège couvert reste l’arme ultime mais souvent ce n’est pas un lieu très graphique, la luminosité est souvent complexe à appréhender. Mais si c’est le seul recours il faut user et abuser des alternatives qu’il propose : flaque de lumière, contre-jour, contraste pour rendre les images originales et fouillées.
Une chose à se rappeler non la retouche n’est pas une solution à tous les problèmes et non on ne pourra pas forcément gommer comme ça cet énorme tas de cailloux affreux ou cette cabane moche. Non on ne pourra par rendre le fond flou ce n’est pas aussi simple que cela semble être. Et non un flou de retouche n’est pas forcément esthétique ni envisageable. Une photo c’est d’abord apprendre à soigner sa prise de vue.
Arrêtez de croire les tutos Youtube et vous baser sur des photos vues sur le web qui ne vous expliquent pas forcément les conditions de départ du shoot. Certes l’image finale est superbe, mais si vous soignez votre prise de vue dès le départ vous obtiendrez le même résultat. Apprenez à être un photographe créatif avant d’être un retoucheur confirmé.
A défaut de lieu, photographier le cheval de façon différente
Si vous souhaitez faire photographier votre cheval en liberté ou si vous voulez réaliser en tant que photographe une séance de ce type, mais que les facteurs esthétiques sont bien trop complexe à réunir il faut faire deux choses :
Soit on déplace la séance dans un autre endroit : autre écurie, autre pré, chez un ami etc. Toute solution est à étudier pour obtenir le résultat que vous voulez. Parfois il vaut reporter la date et organiser dans l’endroit parfait plutôt que de précipiter. Réfléchir à localiser un lieu sécurisé, adapté à votre cheval et qui permettra d’avoir des photos uniques.
Soit vous vous adaptez mais avec les contraintes en tête. Mais vous serez en mesure de comprendre que vos photos resteront ou non avec une problématique. Mais dans le cas de photos très particulières avec des contraintes particulières cela est beaucoup plus facilement acceptable. Au photographe ensuite de trouver des angles originaux qui gommeront les défauts du fond. Encore une fois on reviens vers la capacité du photographe a être créatif même si il ne pourra pas à chaque fois faire des miracles 😉
Vous voilà capable de penser comme un photographe
J’espère avoir su vous aider à mieux appréhender certains facteurs destinés à vous faciliter les recherches, appréhender les difficultés et améliorer vos séances photos. Photographier un cheval en liberté est une chose, photographier en liberté et en soignant son arrière-plan en est une autre. Il faut vraiment être capable d’appréhender l’ensemble de ces paramètres pour être à même de progresser et réaliser de superbes images.
Oui un cheval photographié en liberté c’est superbe mais sachez que c’est complexe. Que c’est quelque chose qui forcément doit être préparé pour que la séance se déroule dans des conditions de sécurité optimales. Pour les photographes soyez créatif, essayez, ratez pour mieux comprendre. Avec la pratique et le temps ce type de photos ne deviendra pas forcément plus simple mais vous apprendrez à cerner les besoins de départ pour bien conseiller vos modèles en amont de la séance.